dimanche 1 janvier 2012

Editorial : Quel filigrane sous les bisbilles?

Lorsque Le Calame, se basant sur des faits précis, écrivait, il y a trois semaines, qu’entre la Mauritanie et le Maroc, rien n’allait plus, l’éditorial en question, intitulé «bisbilles mauritano-marocaines», faisait l’objet de démentis officieux. Une source autorisée de l’ambassade du Maroc en Mauritanie et une autre de notre diplomatie nous signalaient que tout n’était qu’imagination de journalistes et que le ciel des relations, entre les deux pays, était au beau fixe. Moins de deux semaines plus tard, Ould Abdel Aziz s’envolait pour l’Algérie, en visite officielle, et ouvrait une nouvelle page, dans nos relations avec ce puissant voisin méridional. L’Algérie avait, pourtant, très mal pris l’intrusion de la France, dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, par Mauritanie interposée, et critiquait, ouvertement, le paiement de rançons aux jihadistes, pour la libération des otages espagnols. Mais, pas rancunière pour un sou, elle a accueilli Ould Abdel Aziz à bras ouverts, espérant le libérer de ses contraintes vis-à-vis d’un Maroc qui avait, pourtant, soutenu très tôt celui-là. Mais le président mauritanien n’avait-il pas, lui-même, commencé à s’en défaire, petit à petit ? Le diable est dans les détails, dit-on, et ce sont, justement, de petits détails, mis bout à bout, qui ont assombri les relations entre les deux Etats. Le dernier en date est l’expulsion du correspondant de la très officielle agence Maghreb Arab Press (MAP), pour avoir mené des «activités incompatibles avec sa fonction de journaliste». La Direction de la Surveillance du Territoire (DST), qui l’a fait persona non grata, n’a pas donné plus de détails. Mais tout le monde pense que la mesure a, d’abord, une connotation politique. La presse marocaine ne s’y est pas trompée, d’ailleurs, en accusant la Mauritanie de vouloir régler un problème politique, en s’en prenant à un journaliste. Si ce ne sont des bisbilles, de quoi s’agit-il, alors? La question saharaouie est-elle encore un facteur de modération, dans la stratégie marocaine vis-à-vis de la Mauritanie? Ould Abdel Aziz exploiterait-il l’argument, dans d’éventuelles négociations, commerciales ou autres, avec le royaume chérifien? Le Maroc s’est beaucoup (trop?) rapproché de nous, avec le goudron de la route Nouadhibou-Nouakchott. Serait-il temps de prendre quelque distance? Beaucoup de possibilités, on le voit donc, pour la lecture du filigrane, sous «l’imagination des journalistes»…

Ahmed Ould Cheikh

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