mercredi 22 décembre 2010

Editorial : Pourvu que ça dure !

La montagne a accouché d’une souris. Le remaniement ministériel, que la rumeur donnait pour imminent depuis…plusieurs mois et que l’opinion publique demandait de tous ses vœux, tant l’attelage gouvernemental a montré ses limites, est, finalement, intervenu la semaine dernière. Alors qu’on pressentait celui-là suffisamment large pour faire entrer au gouvernement ce nouveau venu dans la majorité présidentielle qu’est ADIL, Ould Abdel Aziz a pris tout son monde à contre-pied. Trois objectifs semblent avoir guidé son action: rassurer ses soutiens de l’UPR dont le secrétaire général hérite, enfin, d’un portefeuille ministériel; démontrer, à ses nouveaux amis, qu’il faut être patient; et sanctionner trois ministres – pourquoi eux, seulement? – dont le bilan est globalement mitigé, pour ne pas dire négatif. Deux d’entre eux sont, néanmoins, parachutés en charge de mission à la Présidence. Conformément à la politique de recyclage chère à Ould Taya. Le troisième se retrouve à la rue. Il faut dire que Camara Seydi Moussa, l’ancien ministre de l’Equipement, a réussi l’exploit de mettre la Mauritanie sur la liste noire des transporteurs aériens interdits en Europe. Malgré les mises en garde répétées de l’OACI, le ministre, plus à l’aise dans son rôle de pitre de la République que dans celui de décideur, n’a rien fait avant que le couperet ne tombe. Pourtant, même au plus fort de l’anarchie et du laisser-aller qu’a connus le pays, jusqu’à une date récente, jamais il ne fut «blacklisté» par l’Union européenne. Au même titre que des Etats en guerre ou des pays de non-droit. Il faut, à présent, tout reprendre à zéro et instaurer d’efficients mécanismes de contrôle, pour que les avions de nos compagnies aériennes puissent, à nouveau, survoler l’Europe. Et dire que tout cela advient par la faute d’un ministre qui n’a jamais compris, du premier au dernier jour à son poste, ce qu’il venait faire dans cette galère.

Si l’on exclut ces trois exclus, qu’a apporté ce remaniement, sinon une injustice? Deux ministres, qui traitaient d’égal à égal avec un de leurs collègues, se sont retrouvés sous ses ordres. Les ministres de l’Enseignement Fondamental et de la Formation Professionnelle sont, désormais, placés sous la tutelle de leur ancien collègue de l’Enseignement Supérieur, devenu ministre d’Etat à l’Education Nationale. Sous d’autres cieux où l’on respecte un semblant de forme, on aurait choisi de nouveaux ministres car personne n’y accepterait de se retrouver dans cette posture, pour le moins inconfortable. Mais, en Mauritanie, nous avons pris l’habitude d’avaler tellement de couleuvres et de s’aplatir, devant le chef du moment, que plus rien ne surprend, désormais. Le président peut faire ce qu’il veut de ses ministres, ces derniers ne placeront pas un mot plus haut que l’autre. Conserver son maroquin, seule lubie du haut cadre: fermement cadré, donc…Et sa seule devise est : Pourvu que ça dure !

Ahmed Ould Cheikh

1 commentaire:

  1. Conserver son maroquin,? vous voulez parler dans le langage de chez nous ou de chez vous?
    du ministre de la santé

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