mardi 6 juillet 2010

Editorial : Dialogue, dialogue….

Il y a un an, jour pour jour, les trois pôles politiques mauritaniens (Ould Abdel Aziz, RFD et FNDD) signaient les Accords de Dakar, sous l’égide la communauté internationale. Quel chemin a-t-on parcouru, depuis? Certes, une élection présidentielle a été organisée et a entraîné «le retour à l’ordre constitutionnel», si cher aux partenaires. Mais dans les conditions que tout le monde connaît: un HCE qui refuse de se saborder, une CENI au rabais et un gouvernement d’union nationale qui n’aura siégé que… 21 jours. Deux pôles sur trois ont accepté de reconnaître les résultats de l’élection et, depuis cette date, aucun autre point de l’Accord n’a été abordé. Celui relatif au dialogue a refait surface, ces dernières semaines, provoquant un véritable cafouillage au sein d’une opposition qui n’arrive, décidément pas, à parler d’une même voix.
Petit florilège, non exhaustif, de déclarations. Un président de parti déclare, avant la table ronde de Bruxelles, qu’«Ould Abdel Aziz ne veut que le dialogue». Le président de la COD affirme, la semaine dernière, que «toutes les conditions pour le dialogue avec le pouvoir sont réunies.» Un autre réagit, dans un communiqué lapidaire, «le dialogue entre pouvoir et opposition doit avoir des modalités, à convenir entre les parties, comme il doit aboutir à des objectifs précis, conformes aux engagements de Dakar.» Ça part dans tous les sens. On ne voit plus qui dit quoi, au nom de qui, et, encore moins, le point de vue de l’opposition. Il est clair, en tout cas, que le pouvoir est le principal bénéficiaire de cette situation de «ni guerre ni paix». Une pierre, au moins trois coups: rassurer les partenaires, notamment l’Union européenne, qui poussent au respect des Accords de Dakar; donner l’impression que c’est lui qui propose le dialogue et que c’est une partie de l’opposition, du moins son aile dure, qui refuse la main tendue; diviser ses adversaires, pour en faire des proies faciles. Vieille technique de la division, bien rodée sous Ould Taya. Marchera-t-elle pour autant? Rien n’est moins sûr. Sous l’ancien président, les opposants étaient alléchés par des promotions et des postes juteux où ils pouvaient «se sucrer», au vu et au su de tous, sans que cela n’affecte leur carrière. Mieux: plus ils se servaient, plus ils montaient en grade, attirant plus de parentèle et de clientèle, au profit du parti au pouvoir.
De nos jours, cela n’est plus permis, du moins de façon ostentatoire, au nom d’une «lutte contre la gabegie» agitée comme un épouvantail. Du coup, le camp du pouvoir, vers lequel tout le monde convergeait, n’attire plus grand monde. On n’attend de voir. Après tout, il n’est pas encore certain qu’Ould Abdel Aziz soit réélu, dans quatre ans. La répétition du schéma tayeux n’est pas encore certaine. Cela explique, peut-être, qu’on garde plusieurs fers au chaud. Si l’on ne fait d’omelette sans casser les œufs, il reste sage de ne pas conserver tous les œufs dans le même panier…
Ahmed Ould Cheikh

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