mardi 22 juin 2010

Editorial : Dindons de la farce, jusqu’à quand ?

Il y a quelques mois, dans un souci légitime de placer un compatriote à la tête d’une organisation internationale dont notre pays est membre fondateur, le gouvernement mauritanien présentait la candidature de Mohamed Khaled Ould Sidiya pour le poste de directeur général de l’ASECNA. Nous avons tous applaudi des deux mains et l’on s’était dit que ce n’était que justice. La Mauritanie n’a jamais obtenu un poste qui vaille dans une organisation internationale, se contentant de voter pour les autres, à chaque échéance, sans rien obtenir en échange. Par le passé, nous avions tenté de briguer la présidence de la Banque Africaine de Développement mais nos «amis» nous ont préféré le Maroc. Probablement parce que notre pays faisait partie des petits actionnaires qui n’avaient pas voix au chapitre.
Cette fois, c’est une autre paire de manches qui se jouera, en juillet prochain, à Moroni des Comores. A l’ASECNA, non seulement les pays sont à parts égales mais la Mauritanie dispose de l’un des plus étendus espaces aériens de l’Organisation. Et génère, de ce fait, des recettes considérables. Notre gouvernement a donc décidé de ne plus continuer à s’exclure de la cour des «grands» et de réclamer sa part du gâteau. Ses ministres des Affaires Etrangères et de l’Equipement ont pris leur bâton de pèlerin pour sillonner l’Afrique et demander le soutien des pays membres de l’Agence. A commencer par le Sénégal dont le président nous a assurés de son soutien. Il faut dire que la Mauritanie craignait, par-dessus tout, une candidature malienne qui risquait d’éparpiller les voix de l’Afrique de l’Ouest à qui le poste doit désormais revenir, en vertu d’un accord non-écrit de rotation avec les autres régions membres de l’ASECNA. Mais voilà qu’après avoir soutenu notre candidat, apparemment du bout des lèvres seulement, le Sénégal opère un virage à 180 degrés. Une volte-face dont le vieux Wade, qui porte de plus en plus difficilement le poids des ans, est devenu coutumier. Ainsi plusieurs organes de presse ont fait état, la semaine passée, d’une opération commando, menée par Ahmed Diané Séméga, ministre malien des Transports, pour vendre le joker Amadou Guittèye, actuel directeur général de l'OACI (Organisation de l'Aviation Civile Internationale), au chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, avec le soutien de son fils Karim Wade, ministre d’Etat, chargé des Infrastructures. Karim, qui a déjà assez de déboires avec sa gestion pour le moins opaque de l‘Agence Nationale chargée de préparer le Sommet de l’OCI de 2008 et avec les 20 milliards de Sudatel – sans compter un certain nombre d’autres casseroles – ne craint pas de se brouiller avec la Mauritanie. En lui assénant ainsi un coup de poignard dans le dos.
Laisserons-nous faire? Dindons de la farce, jusqu’à quand? Enième péripétie des relations houleuses avec notre grand voisin de l’Est ? S’agit-il, seulement, pour le Mali, de torpiller notre candidature? Quand serons-nous, enfin, respectés? Quand se décidera-t-on à dire, ouvertement, que nous ne voterons plus pour ceux qui se refusent à voter pour nous? Ould Abdel Aziz, avec sa dette envers les Sénégalais – médiation de Wade et accords de Dakar, pour n’évoquer que la pointe visible de l’iceberg – s’apprêterait-il à sacrifier un compatriote. Mon Dieu, qu’il semble loin le temps où notre pays avait son mot à dire dans le concert des nations, où l’épicerie n’était pas l’unique référence de gouvernance! Qu’Allah ait Moktar Ould Daddah en sa sainte Miséricorde et qu’Il nous accorde, sans tarder, un vrai chef d’Etat, de l’envergure du fondateur de notre République! Nous n’avons pas été très bons, c’est le moins qu’on puisse dire, depuis 1978, mais pitié, Seigneur, accordez-nous une nouvelle chance de réaliser l’énorme potentiel de notre Nation! Amine.
Ahmed Ould Cheikh

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