Deux ambassadeurs
rappelés par ci, un chargé d’affaires sommé de rentrer, dare-dare, par là, deux
comptables convoqués de toute urgence. La diplomatie mauritanienne a connu une
semaine tourmentée. On savait certains de nos « diplomates »
indélicats, « nantis » de relations « particulières » avec
l’argent du contribuable, mais on n’aurait jamais pensé, en cette période de
guerre contre la gabegie si chère à notre guide éclairé, qu’ils iraient jusqu’à
faire main basse sur de telles importantes sommes, sans prendre la peine de
respecter un semblant de procédure. Les frais de visas, le budget de
fonctionnement, les bourses des étudiants, les salaires des employés, tout est
passé dans les poches de ces voraces diplomates. L’Inspection générale d’État
n’a eu besoin que d’un petit tour, pour se rendre compte de l’immensité du
gâchis. A se demander si les auteurs de tels forfaits avaient un minimum de bon
sens…
Au-delà du vol
qualifié, passible de prison en droit commun et d’une ablation de la main
droite, si l’on appliquait littéralement la Chari’a, se pose le problème,
récurrent, de la qualification et des compétences de nos ambassadeurs. Certains,
venus de nulle part, ne doivent leur promotion qu’à des liens de parenté, mariage
ou autres relations privilégiées avec des généraux, voire seule volonté du big-chef.
Pratiquement aucun n’a été choisi pour sa carrière dans la diplomatie, sa
formation, son expérience. Presque tous parachutés. Nous ne récoltons, du coup,
que ce que nos gouvernants ont semé. Des ambassadeurs ordinairement ronflants
et, accessoirement, voleurs, pour ceux qui ont la main leste. Leurs budgets ont
été pourtant tellement allégés que les représentations diplomatiques ont toutes
les peines du monde à joindre les deux bouts. Aucune activité ne leur est
désormais autorisée ou budgétisée. Leur quotidien : gérer le… quotidien,
payer les salaires, les bourses des étudiants, s’il y en a ; le loyer, les
factures d’eau, d’électricité et de téléphone, répondre aux invitations des
collègues, accueillir les délégations et envoyer le comptable, de temps à autre,
courir, à Nouakchott, entre le Budget, le Trésor et la Banque centrale, pour
que le budgeton alloué à l’ambassade ne se perde pas dans les méandres des
Finances.
Aucune ambassade n’a
les moyens d’entreprendre la moindre action pour améliorer l’image du pays, le
faire connaître, lui attirer d’éventuels investisseurs ou donateurs. Coquille
vide, tout juste bonne à caser quelque privilégié. A-t-on voulu paraphraser
Clemenceau, en supputant que la diplomatie est une affaire trop sérieuse pour
être confiée à des diplomates ? On y a, en tout cas, gagné une
non-diplomatie. Un concept qui convient, probablement, à notre
non-administration traditionnelle…
Ahmed Ould Cheikh
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