La Mauritanie a enfin voté. Les élections
législatives et municipales, prévues en octobre 2011, se sont, finalement,
déroulées le 23 novembre… 2013. Sans la Coordination de l’opposition
démocratique, qui avait conditionné sa participation à un minimum de
transparence et de sérieux, dans l’organisation du scrutin. Mais avec une
majorité plus que jamais divisée et une opposition dite dialoguiste qui en
train de regretter d’avoir pris part à ce qu’elle a, elle-même, qualifié de
« mascarade ». On n’a, en effet, jamais vu une élection dont les
résultats officiels ne soient toujours pas connus, sept jours après le
dépouillement des bulletins. Une
situation qui tourne, parfois, au cocasse, lorsque, dans une même circonscription,
chaque liste se prévaut d’avoir gagné, sur la base des résultats qui lui ont
été communiqués par ses représentants dans les bureaux de vote. Tantôt, c’est
un parti qui gagne au premier tour, avant de revenir sur terre et de se voir
obligé d’aller à un nouveau round, après l’annonce des résultats par les
organes de presse officiels. Il a, pourtant, tout pour prouver qu’il a bien
coiffé ses adversaires au poteau mais les calculs de la CENI ont fait perdre le
Nord à bien des candidats et pas des moindres.
On pouvait ne pas en arriver, là si la loi avait
été appliquée. Celle-ci stipule que les procès-verbaux du dépouillement de
chaque bureau de vote sont remis à tous les représentants de listes et affichés
à l’entrée dudit bureau. L’irrespect de cette clause fonde, à lui seul, la
nullité du scrutin. L a CENI a justifié cette entorse au réglement par la
multiplicité des listes candidates. « Cela prendrait un temps fou et
retarderait, encore plus, la proclamation des résultats », dit-on,
pince-sans-rire. C’est, toutes proportions gardées, un chauffeur qui viole le
code de la route, en brûlant un feu, pour ne pas être en retard. On se demande,
d’ailleurs, pourquoi les partis de l’opposition qui ont participé à l’élection
ne se sont pas engouffrés dans cette brèche, en déposant un recours auprès du
Conseil constitutionnel ? Pourquoi l’APP, qui a fait monter les enchères,
à Nouadhibou et Zouérate, en manifestant, s’est, subitement, ravisée et a
demandé, à ses candidats et militants, de « revenir à la raison »? Et
pourquoi El Wiam a crié au vol, à Wadane, Rosso et Méderdra, avant de faire
prévaloir la « sagesse » ?
Nos deux leaders haratines seraient-ils à c epoint conciliants avec Ould
Abbdel Aziz ? Craignent-ils qu’on leur dise, à la fin, qu’ils ont été pris
à leur propre piège, en participant à cette partie de poker menteur où
l’UPR ne leur laissera que des miettes ? Rien qu’à voir la machine de guerre
qu’il est en train de mettre en branle, à grands renforts de hauts
fonctionnaires, généraux et hommes d’affaires appelés à la rescousse, pour ne
pas se faire battre à Nouakchott, Guérou et Tintane, on se dit que l’UPR est
atteint d’incurable boulimie. Son chef aurait pu faire preuve d’un peu de discernement,
en évitant de tout écraser sur son passage et en laissant, à ceux qui ont avalé
bien des couleuvres, la possibilité d’une représentation honorable à
l’Assemblée. A moins qu’il ne veuille laisser, aux islamistes, la possibilité
de devenir la principale force d’opposition et de gagner la Communauté urbaine
de Nouakchott. Ce qui serait du plus mauvais effet, vis-à-vis des partenaires
étrangers, toujours très frileux face à l’islam politique. De toute manière, les
islamistes ayant la fâcheuse habitude de tisser leur toile sans se presser, ils
risquent fort de se retrouver, dans quelques années, la principale force politique
du pays. Et le pouvoir leur aura grandement facilité la tâche, cette fois, en
fermant la porte du dialogue avec les forces progressistes. Une aubaine que le
parti Tawasssoul n’a pas ratée et qu’il exploitera le plus possible, surtout à
Nouakchott où l’opposition a toujours été majoritaire. Ould Abdel Aziz n’a
jamais voulu d’Ahmed Ould Hamza, parce qu’il était RFD. Avec un vrai barbu comme
nouveau challenger, sa glabre rectification parviendraIt-elle, enfin, à
paraître démocrate ? L’hiver
égyptien a le vent en poupe…
Ahmed Ould Cheikh
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