La campagne électorale pour les élections
législatives et municipales du 23 novembre prochain est lancée. Depuis le vendredi
8 novembre à 00 heure. Mais c’est comme si de rien n’était. A part quelques
tentes éparpillées et des haut-parleurs qui distillent une musique nasillarde,
brisant la monotonie ambiante, rien n’augure d’une ambiance comparable à celle
des scrutins d’antan. Deux éléments expliquent cette tiédeur. D’abord, le
défaut de concurrence, avec le boycott de l’opposition et le manque, criant, du
nerf de la guerre. Sans lequel il n’y a
ni soirées animées, ni tentes dressées, ni musique branchée, ni voitures
louées, ni électeurs mobilisés. Bref, la morosité assurée. Et c’est ce que nous vivons depuis le 8, sauf,
peut-être, dans certaines villes de l’intérieur où les enjeux locaux priment
sur tout le reste. Ici et là, de chaudes empoignades augurent d’un scrutin peu reposant,
particulièrement pour les listes du parti/Etat dont les choix ont été contestés
un peu partout. Ould Abdel Aziz, qui se prépare à aller en campagne au profit
de son parti, l’a d’ailleurs senti. Il devrait commencer par l’Assaba. Où il
prononcera, à coup sûr, au moins un discours pour demander, aux électeurs, de voter
pour son parti, sinon ses satellites, de façon à lui assurer une large
majorité. Il n’a pourtant pas besoin de tout ce tintouin. La recette pour obtenir
une majorité sans trop se décarcasser, il la connaît. Il l’a déjà expérimentée
en 2009.
C’est du moins ce que nous apprend la presse
anglaise : le 6 novembre 2013, le tribunal de Southwark Crown, un des trois tribunaux de l'État anglais dans le Londres SE1 a fait comparaître quatre
responsables de la société Smith And Ouzman, spécialisée dans
l’impression et la sécurisation des documents officiels, pour répondre du chef
d’accusation de corruption active en quatre pays africains, le Ghana, le Kenya,
la Mauritanie et le Somaliland,
une « républiquette » non reconnue par la Communauté
internationale. L’élection mauritanienne de 2009 est, notamment, sous le
boisseau des juges de Sa Gracieuse Majesté. Qu’ont-ils fait de répréhensible,
nos amis anglais pour mériter la foudre des juges? Ont-ils vraiment
surfacturé les bulletins de vote (0.50 dollar au lieu de 0.05), ainsi que
l’avance l’accusation ? Versé des commissions ? A qui ? Et, s’ils
n’ont pas reversé une partie de cet argent, en échange de quoi avons-nous
accepté un prix aussi élevé ? L’idée de bulletins pré-votés, qui avait
circulé, à l’époque, entraînant la risée du pouvoir et de ses affidés, n’est,
désormais plus, aussi saugrenue qu’on n’a voulu le faire croire. Dans un cas
comme dans l’autre, il y a anguille sous roche. L’IGE, qui met son nez un peu
partout, ou la Cour
des Comptes doivent s’auto-saisir de cette affaire et chercher à savoir pour qui,
pourquoi tout cet argent public a été dilapidé.
Après la pluie du 1er novembre,
l’affaire Smith And Ouzman ne tombe pas vraiment à pic.
L’une et l’autre vont-elles donner du piment à la fadaise que le pouvoir s’ingénie
à nous servir le 23 novembre ? Quoique le palais mauritanien se soit
accommodé, depuis 1978, d’une grande variété d’écœurements, la sauce risque de provoquer
quelque indisposition supplémentaire à participer, dans onze jours, à la
mascarade… Après le bourrage des poches
et le bourrage des crânes, va-t-il falloir en recourir au bourrage des
urnes ?
Ahmed Ould Cheikh
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