Mais, bon Dieu, qu’avons-nous fait pour mériter un
tel sort ? Entre un pouvoir militaire qui prend le pays en otage depuis
1978, une opposition qui refuse de voir plus loin que le bout de son nez, une
classe politique indigente, une classe affaires atrophiée et des citoyens dont
l’incivilité bat tous les records, il y a de quoi se faire une tignasse de
cheveux blancs. La vision est, certes, un peu pessimiste mais, disons-le
clairement, il ya quelque chose qui ne cloche plus dans ce pays, depuis
quelques années déjà. Et, surtout, depuis 2005. On avait entrevu le bout du
tunnel, avec l’élection de 2007 et nous sommes, illico, retombées dans nos
travers. Depuis lors, c’est cahin-caha que le pays avance, avec, comme le dit
l’opposition, un pas en avant et deux en arrière. Comment sortir de
l’impasse ? Laisser Ould Abdel Aziz achever son mandat, en ne demandant
plus son départ ? Mettre en place un gouvernement d’union nationale ?
Organiser des élections apaisées ? Respecter les règles du jeu économique,
en accordant les mêmes chances à tout le monde ? Il y a péril en la
demeure et tout le monde a intérêt à y mettre du sien, pour nous éviter des
lendemains qui déchantent car, avec la crise au Nord-Mali et la guerre qui
menace d’éclater, à tout moment, à nos bordures orientales, nous devons faire
preuve de la plus grande vigilance et de la plus large cohésion. Nos frontières
sont poreuses, notre ennemi très mobile et nous avons pris, dans le passé,
suffisamment de coups (bas) pour s’abstenir de dormir sur nos lauriers. Mais
que faire, si notre front intérieur continue à montrer autant de
lézardes ? Ill ne s’agit pas de signer un chèque en blanc au pouvoir
actuel mais de lui démontrer, preuves à l’appui, que la gestion unilatérale du
pays a ses milites et que rien ne peut se réaliser sans un minimum de
consensus. Un gouvernement d’union nationale serait-il la panacée ? Le
remède-miracle qui nous sortira du pétrin dans lequel on continue à
s’enliser ? Encore faut-il convaincre, d’abord, la majorité et son chef que
nous traversons une crise. Que la politique de l’autruche ne mène nulle part.
Que l’UPR n’est pas un parti. Que Maaouya s’en est allé et personne n’a versé
une larme, à commencer par sa propre formation politique. Que l’opposition est composée de citoyens
ordinaires et non pas de diables. Qu’une
élection sans la participation de tous n’est pas viable. Qu’une majorité
composée d’applaudisseurs ne sert ni le pouvoir ni la démocratie. Que l’intérêt
général n’est l’apanage de personne. Que
le développement du pays et l’enracinement de sa démocratie préoccupent tout le
monde. Si ces leçons sont assimilées, on
aura, déjà, accompli un grand pas vers une meilleure entente. Mais il y a loin
de la coupe aux lèvres. Ould Abdel Aziz, conforté dans sa démarche par sa
majorité, est convaincu qu’il détient seul la Vérité. Et que, quoique
fasse l’opposition, il ne déviera pas de la voie qu’il s’est tracée.
L’entêtement est un vilain défaut.
Dans le contexte actuel qui fait planer d’énormes
risques sur le pays, nous avons, pourtant, besoin de clairvoyance, de lucidité et de
dépassement de soi. Des qualités qui ne
courent, malheureusement, pas les rues. Il ne nous reste qu’à prier. Alors,
prions !
Ahmed Ould Cheikh
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