Le brillant professeur
qu’est Lô Gourmo l’a dit, vendredi soir, à la TVM, lors d’un débat qui l’a opposé au
vice-président de l’UPR mais tout le monde le savait : le décret sur la
base duquel a été convoqué le collège électoral en 2009 est frappé du sceau de
la nullité, puisqu’il a été signé par le Premier ministre et non par le Président
par intérim. Si l’on s’était référé à la Constitution à
l’époque, et si le Conseil constitutionnel avait joué son rôle, il n’y aurait
jamais eu d’élection dans ces conditions. Par le plus élémentaire des
raisonnements, on peut donc dire que les résultats de cette élection sont de
nul effet. Certes, tout ceci n’est qu’historiette, visant, avec la complicité
de la France
de Sarkozy et du Sénégal de Wade, à nous faire avaler la pilule du coup d’Etat
du 6 août 2008 mais il est nécessaire, parfois, du moins chaque fois que
l’occasion se présente, de la rappeler, à ceux qui chantent, sur tous les toits,
que nous vivons une démocratie en tous points exemplaire. Lô Gourmo va même
plus loin : à supposer que l’élection présidentielle soit valide, dans sa
forme, pourquoi le Conseil constitutionnel, censé indépendant, n’a même pas
daigné statuer sur les recours de l’opposition ? Quitte à les rejeter après,
rien que pour donner l’impression qu’il n’était pas simple chambre
d’enregistrement à qui le pouvoir pouvait faire avaler toutes sortes de (grosses)
couleuvres. Mais il n’en fut rien. Le Conseil a validé, en un tour de main, les
résultats de cette élection, comme s’il voulait en fermer la parenthèse et
passer à autre chose.
Autre anomalie révélée par le juriste : comment un
parlement, dont le mandat a expiré en octobre 2011 en vertu de la Constitution et qui
n’a donc plus d’existence légale, peut se réunir, trois mois après en congrès,
pour voter des amendements constitutionnels ?
Au cours du même débat, Gourmo a également évoqué le dialogue
inclusif qui tarde à voir le jour, alors qu’il figure, en bonne place, dans
l’Accord de Dakar. Et profite de l’occasion pour rappeler, aux bons souvenirs
de l’opinion publique, qu’après les échanges avec le pouvoir sur les modalités
et les sujets du dialogue, l’opposition a été la dernière à faire des
propositions. Lesquelles ont été remises, en mains propres, il y a près d’un
an, par Messaoud Ould Boulkheïr et maître Mahfoudh Ould Bettah, à Ould Abdel
Aziz. A l’heure qu’il est, la réponse à ces propositions n’est toujours pas
parvenue à l’opposition que la majorité continue pourtant à accuser de refuser
le dialogue.
Le débat de haute facture, premier et, probablement, dernier
du genre, a permis de rétablir certaines vérités et de proposer aux
téléspectateurs autre chose que ce qui les a toujours dissuadés de regarder
celle qui est devenue une vulgaire caisse de résonance du pouvoir. La TVM est, pour une fois, sortie
de l’ordinaire. Avant de replonger, rapidement, dans les mêmes travers. Dans la
nouvelle Mauritanie qui se veut tant démocratique, ce qui devait être la règle
est devenu l’exception.
P.S. qui n’a rien à voir
A combien a été vendu Senoussi ? S’il existait une
discipline sportive de la vitesse avec laquelle on dit quelque chose et l’on
fait son contraire, Ould Abdel aziz aurait été, de loin, champion du Monde. Ne
nous a-t-il pas répété, à Atar, que Senousssi ne serait livré à la Libye que lorsque la justice
mauritanienne en aurait fini avec lui ? Un mois après, jour pour jour,
alors qu’aucun juge ne l’a entendu, il est livré à une délégation libyenne
dirigée par le ministre des Finances (??!!). La presse a parlé de transaction,
de gros montants, de financements, de dessous et dessus de table. En Mauritanie
nouvelle, tout se monnaye, apparemment. Même la parole donnée.
Ahmed Ould Cheikh
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