samedi 15 septembre 2012

Editorial : Débat en règle… d’exception


 Le brillant professeur qu’est Lô Gourmo l’a dit, vendredi soir, à la TVM, lors d’un débat qui l’a opposé au vice-président de l’UPR mais tout le monde le savait : le décret sur la base duquel a été convoqué le collège électoral en 2009 est frappé du sceau de la nullité, puisqu’il a été signé par le Premier ministre et non par le Président par intérim. Si l’on s’était référé à la Constitution à l’époque, et si le Conseil constitutionnel avait joué son rôle, il n’y aurait jamais eu d’élection dans ces conditions. Par le plus élémentaire des raisonnements, on peut donc dire que les résultats de cette élection sont de nul effet. Certes, tout ceci n’est qu’historiette, visant, avec la complicité de la France de Sarkozy et du Sénégal de Wade, à nous faire avaler la pilule du coup d’Etat du 6 août 2008 mais il est nécessaire, parfois, du moins chaque fois que l’occasion se présente, de la rappeler, à ceux qui chantent, sur tous les toits, que nous vivons une démocratie en tous points exemplaire. Lô Gourmo va même plus loin : à supposer que l’élection présidentielle soit valide, dans sa forme, pourquoi le Conseil constitutionnel, censé indépendant, n’a même pas daigné statuer sur les recours de l’opposition ? Quitte à les rejeter après, rien que pour donner l’impression qu’il n’était pas simple chambre d’enregistrement à qui le pouvoir pouvait faire avaler toutes sortes de (grosses) couleuvres. Mais il n’en fut rien. Le Conseil a validé, en un tour de main, les résultats de cette élection, comme s’il voulait en fermer la parenthèse et passer à autre chose.
Autre anomalie révélée par le juriste : comment un parlement, dont le mandat a expiré en octobre 2011 en vertu de la Constitution et qui n’a donc plus d’existence légale, peut se réunir, trois mois après en congrès, pour voter des amendements constitutionnels ?
Au cours du même débat, Gourmo a également évoqué le dialogue inclusif qui tarde à voir le jour, alors qu’il figure, en bonne place, dans l’Accord de Dakar. Et profite de l’occasion pour rappeler, aux bons souvenirs de l’opinion publique, qu’après les échanges avec le pouvoir sur les modalités et les sujets du dialogue, l’opposition a été la dernière à faire des propositions. Lesquelles ont été remises, en mains propres, il y a près d’un an, par Messaoud Ould Boulkheïr et maître Mahfoudh Ould Bettah, à Ould Abdel Aziz. A l’heure qu’il est, la réponse à ces propositions n’est toujours pas parvenue à l’opposition que la majorité continue pourtant à accuser de refuser le dialogue. 
Le débat de haute facture, premier et, probablement, dernier du genre, a permis de rétablir certaines vérités et de proposer aux téléspectateurs autre chose que ce qui les a toujours dissuadés de regarder celle qui est devenue une vulgaire caisse de résonance du pouvoir. La TVM est, pour une fois, sortie de l’ordinaire. Avant de replonger, rapidement, dans les mêmes travers. Dans la nouvelle Mauritanie qui se veut tant démocratique, ce qui devait être la règle est devenu l’exception.


P.S. qui n’a rien à voir
A combien a été vendu Senoussi ? S’il existait une discipline sportive de la vitesse avec laquelle on dit quelque chose et l’on fait son contraire, Ould Abdel aziz aurait été, de loin, champion du Monde. Ne nous a-t-il pas répété, à Atar, que Senousssi ne serait livré à la Libye que lorsque la justice mauritanienne en aurait fini avec lui ? Un mois après, jour pour jour, alors qu’aucun juge ne l’a entendu, il est livré à une délégation libyenne dirigée par le ministre des Finances (??!!). La presse a parlé de transaction, de gros montants, de financements, de dessous et dessus de table. En Mauritanie nouvelle, tout se monnaye, apparemment. Même la parole donnée.

                                                                                                                     Ahmed Ould Cheikh




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