mercredi 18 août 2010

Editorial : A désespérer de ce pays?

Entre le pouvoir et l’opposition, rien ne va plus, à nouveau. Après quelques semaines d’accalmie, ponctuées d’audiences, accordées, par le président, à certains de ses leaders, et de déclarations de bonne intention, de part et d’autre, la dernière conférence de presse d’Ould Abdel Aziz, à l’occasion du premier anniversaire de son investiture, a remis le feu aux poudres. Il faut dire que le président n’y est pas allé de main morte. Ce qui laisse à penser que notre «guide éclairé» est soit mal conseillé soit, pire, pas conseillé du tout. Une bonne préparation, pour une sortie comme celle-là, et un peu de retenue auraient pu l’empêcher de tomber dans des travers qui, au lieu de le servir, jettent, inutilement, de l’huile sur un feu que tout le monde a intérêt à éteindre. On ne peut pas être le garant de la Constitution et dire que deux lois de la République – celle sur la transparence financière et celle des Finances – peuvent être foulées au pied, sans autre forme de procès. Il ne s’agit pas d’être puriste ou opposant, pour s’offusquer d’un tel écart de langage. Dans un Etat qui se veut de droit, la démocratie, c’est, d’abord et avant tout, des formes à respecter.

Extraits choisis des propos, il y a deux semaines, sur les ondes de la radio et de la TVM, du président Ould Abdel Aziz. «Les accords de Dakar appartiennent au passé […] La déclaration de patrimoine n’est pas importante […] Les 50 millions de dollars de l’Arabie Saoudite ont servi à équiper l’Armée [en dehors de tout contrôle budgétaire, précisons «l’info» présidentielle]; Le pouvoir et l’opposition n’ont rien à se dire», [la crise politique n’étant, selon lui, que des] «chimères, dans les esprits de certains». Il n’en fallait pas plus pour faire sortir l’opposition des ses gonds. Dans une déclaration distribuée le jeudi dernier (12 août) lors d’une conférence de presse, la COD a condamné, en vrac: «la désinvolture cavalière avec laquelle le chef de l’Etat, Mohamed Ould Abdel Aziz, a insinué qu’une simple révision de la Constitution est de nature à résoudre tous les problèmes posés au pays; […] son grand mépris du peuple mauritanien et de la Communauté internationale, lorsqu’il déclare qu’il n’est plus lié par les Accords de Dakar»; les violations, répétées, de la Constitution» et exigé «la constitution d’une commission indépendante, pour vérifier les dépenses de la Présidenceen particulier le BASEP – et celles du Premier ministère». Même le RFD, dont le président, chef de file de l’opposition, commençait à mettre de l’eau dans son zrig, en qualifiant, pour la première fois, Ould Abdel Aziz de «président de la République», semble avoir fait machine arrière, en ne se démarquant pas de cette déclaration de la COD.

Résultat de ces deux sorties: retour à la case départ, avec une crise qui couve, deux camps qui s’observent et une perte de confiance mutuelle. Dakar n’étant plus à l’ordre du jour, du moins selon l’une des parties, faut-il à présent aller à Bamako, Rabat ou ailleurs pour trouver un nouveau terrain d’entente?

Il y a des jours où c’est à désespérer de ce pays…

Ahmed Ould Cheikh

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