« Dieu »,
a dit Coluche, « a bien fait les choses : il a donné la nourriture aux
riches et l’appétit aux pauvres ». Cette boutade du célèbre humoriste
français trouve, par les temps qui courent, toute sa signification en
Mauritanie. A un détail près. Certes, jamais les riches n’ont eu autant
de nourriture, mais, aussi et contrairement à ce que disait Coluche,
autant d’appétit. Plus rien n’échappe à leur boulimie. Les banques, les
postes de responsabilité, les sociétés, les centrales électriques et
éoliennes, les routes, les terres… Même les vivres du CSA, destinées, en
principe, aux pauvres, passent dans leur escarcelle. Pauvres et
misérables riches ! Que laissent-ils donc aux pauvres ? Des boutiques
Emel, où les prix pratiqués, quoiqu’en-deçà du marché, restent toujours
inabordables, comparés aux revenus de misère que touchent les
laissés-pour-compte. Boutiques qui ne servent qu’à appauvrir l’Etat qui
les subventionne, pour engraisser des riches qui les approvisionnent au
pied levé, grâce à des facilités de toutes sortes. Des milliards (on
parle d’une quarantaine) sont ainsi injectés, chaque année, dans ce
circuit pour atterrir dans les caisses d’une ou deux familles. Ils
serviront à acheter de nouveaux produits pour ces boutiques et générer
des milliards de bénéfices. Un cercle vicieux, en somme. Le pauvre, lui,
ne voit pas plus que le bout de sa poche. Avec 10 ou 20 UM de moins que
la boutique du coin pour un kilo de sucre, il s’extasie devant le
premier micro qu’on lui tend pour dire tout le bien qu’il pense de cette
belle initiative. Les boutiques Emel ou l’art de gruger l’Etat et les
pauvres.
Cette humiliante situation va-t-elle s’éterniser ? Dans quel pays du Monde, si l’on exclut la Corée du Nord et les anciens Etats communistes, a-t-on vu l’Etat ouvrir des centres d’approvisionnement où la nourriture est rationnée ? Au lieu de continuer à saigner l’Etat de la sorte, pourquoi ne pas alléger la pression douanière sur les produits de consommation courante, pour les rendre abordables? Exercer un véritable contrôle sur les prix ? Ou utiliser cet argent pour augmenter les salaires ? Il y a, en tout cas, comme un problème… d’appétit.
Ahmed Ould Cheikh
Cette humiliante situation va-t-elle s’éterniser ? Dans quel pays du Monde, si l’on exclut la Corée du Nord et les anciens Etats communistes, a-t-on vu l’Etat ouvrir des centres d’approvisionnement où la nourriture est rationnée ? Au lieu de continuer à saigner l’Etat de la sorte, pourquoi ne pas alléger la pression douanière sur les produits de consommation courante, pour les rendre abordables? Exercer un véritable contrôle sur les prix ? Ou utiliser cet argent pour augmenter les salaires ? Il y a, en tout cas, comme un problème… d’appétit.
Ahmed Ould Cheikh
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