Voila plus de dix jours que la campagne électorale
pour la présidentielle du 21 juin est lancée. Et, mis à part quelques tentes
dressées sur les principaux axes de Tevragh Zeïna, distillant toutes sortes de
musiques, rien ne sort véritablement de l’ordinaire. On est loin des campagnes
de 2007 et 2009, où il y avait une réelle concurrence. Même si l’on s’est rendu
compte, par la suite, que ce n’était que du pipeau. Que les jeux étaient déjà
faits. Que les vainqueurs étaient connus d’avance. Les campagnes n’étaient
destinées qu’à endormir le petit peuple, lui faire croire qu’il existe une
possibilité d’alternance et que notre démocratie est bien réelle. Mais, cette
fois, rien de tout cela. Ni campagne digne de ce nom, ni débat, encore moins de
démocratie. Juste un président-candidat à sa propre succession et de candidats
prêts à jouer les faire-valoir. Hormis Biram, qui décoche quelques flèches
empoisonnées (mais pas plus qu’il n’en faut) à destination d’Ould Abdel Aziz,
les autres « prétendus prétendants » au fauteuil donnent l’impression
qu’ils ne sont là que pour remplir une mission, boucler un parcours et attendre
la suite. Seul le président-candidat essaie d’animer le débat, lors des
meetings qu’il anime, au pas de charge, dans les chefs-lieux de régions. II ne
manque pas une occasion d’encenser son œuvre, nous révélant, au passage, que la
Mauritanie n’existait pratiquement pas avant 2009. Et de s’en prendre ouvertement
à l’opposition, des « vieillards incapables », aux gabegistes, dont
certains comptent, pourtant, parmi ses soutiens les plus farouches, et aux
civils qui ont « bousillé » l’Armée, en y introduisant des idées
politiques nocives.
Il semble avoir oublié que la plus grande manœuvre
de sape de l’Armée fut entreprise sous Maaouya, de façon à ce qu’elle ne soit
plus un danger, faisant sienne la célèbre adresse de Hassan II à ses
officiers : « laissez la politique, enrichissez-vous ! »
Aziz était, à ce moment, aux avant-postes et ne pouvait pas ne pas voir le
degré de pourrissement qu’avait atteint la Grande Muette. Il a d’ailleurs fait,
de son redressement, un de ses principaux chantiers, dès son accession au
pouvoir. Dans quel but, pensez-vous, sinon en faire un pilier de son pouvoir.
Mais la médaille a son revers. En prenant goût à l’argent facile et au confort,
les officiers, qui voient l’argent couler à flots mais pas toujours dans leur
direction, risquent d’avoir des idées vraiment nocives cette fois.
La pente semble fatale. Une fois exclu le jeu
démocratique, le coup de force devient le seul mode de dévolution du pouvoir.
Pour en minimiser les risques, il faut limiter la force des éventuels
adversaires. Par l’oppression ou le pourrissement. Le premier terme de
l’alternative – la privation des libertés – actuellement très déconsidéré par
la « Communauté internationale », il ne reste plus que le second.
Mais c’est une gangrène. Elle affecte tout le corps social et le développement,
accéléré, de la délinquance, sous toutes ses formes, est le signe, indubitable,
de l’avancée du mal. Vers quelles amputations Ould Abdel Aziz conduit-il la
Mauritanie ? Au service de quels intérêts ?
Ahmed Ould Cheikh
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