14 juillet 2013 : Le Calame fête ses vingt
ans. Vingt ans de combat acharné pour la liberté d’expression, la démocratie,
la justice sociale. Vingt ans de lutte contre l’arbitraire, les inégalités, le
racisme. Vingt ans d’engagement pour une
Mauritanie juste, équitable et respectueuse des droits de ses citoyens. Avons-nous réussi ce challenge
particulièrement difficile ? C’est à vous-mêmes, chers lecteurs d’en
juger. Lorsque nous avons lancé le journal, en 1993, nous étions un groupe de
jeunes idéalistes, croyant fermement que la liberté d’expression ne peut
s’octroyer et qu’il faut l’arracher, au prix de lourds sacrifices, s’il le
faut. C’est fort de ce paradigme que nous nous sommes lancés dans cette aventure,
avec nos stylos pour seules armes. Face à un système qui balayait tout sur son
passage et faisait peu cas de voix discordantes, notre canard a, pourtant, tenu
bon. Les censures, les saisies, les interdictions, sans parler des menaces en
tout genre ne nous ont pas déviés, d’un pouce, de la voie qu’on avait choisie.
Dans une mer déchaînée, le navire a tenu bon et maintenu son cap. Jusqu’à la
délivrance. Jusqu’à ce jour de 2006 où la profession s’est vue pourvue d’une
loi bannissant la censure. Le Calame est
resté debout, les censeurs sont partis. Sans regrets mais, aussi, sans rancune.
Nous avons gagné une première manche contre la bêtise humaine. Faut-il pour
autant crier victoire ? Prétendre qu’avec le départ de la dictature, le
ciel s’est dégagé pour de bon serait bel et bien se leurrer. Certes, il n’y a
plus de censure mais notre vie de tous les jours est loin d’être une panacée. Comme
au « bon » vieux temps, le pouvoir nous considère toujours comme un
adversaire et non un partenaire. Nous sommes encore frappés d’ostracisme et
exclus de tout. La presse aux ordres, comme au temps de la Vérité/Al Bouchra, ne rate
pas une occasion de s’en prendre à nous. Le Président nous ignore, lors de ses
conférences de presse et ses (rares) rencontres avec les media. Nous n’avons pourtant
rempli – ne remplissons et ne remplirons toujours, incha Allahou – que notre devoir d’informer. Et nous n’avons
fait qu’user – non abuser – d’un ton critique pour dénoncer les travers des
régimes qui se sont succédé. L’objectivité, disait Hubert Beuve-Méry, le
fondateur du journal « Le Monde », n’existe pas. Il n’y a que de la
bonne foi. S’il nous arrive de ne pas être objectifs – peut-on d’ailleurs
l’être, quand l’intérêt suprême de notre pays est en jeu ? – rien, par
contre, n’a pu ébranler notre (bonne) foi. Ni les brimades, ni les censures, ni
les problèmes de tout ordre ne nous ont fait douter, un instant, de notre
mission. Nous n’avons, jamais, cédé au découragement. Si certains ont quitté la
barque, pour une raison ou une autre, le reste de l’équipage a réussi à la
maintenir à flots.Le Calame a été. Le Calame est et Le Calame restera. Au grand
bonheur de ceux qui l’accompagnent
depuis vingt ans maintenant. Sans peur et sans reproche.
Ahmed Ould Cheikh
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