Ould Abdel Aziz est enfin rentré
à Nouakchott. Quarante jours après son
évacuation vers la capitale française, pour y subir des soins, après avoir reçu une balle ‘’amie’’, le
président a foulé le sol national ce samedi
24 novembre. Une foule immense est venue l’acueillir à sa descente d’avion et tout au long du parcours menant à la Présidence. Un
accueil pas aussi spontané qu’on s’est efforcé de nous faire croire et que
n’ont cessé de marteler les commentateurs de Radio-Mauritanie et de la TVM. Les ministères, les
directions, les établissements publics et, même, certains privés ont obligé
leurs employés à être présents en ce jour de repos, pour participer à l’accueil,
et chaque département avait un emplacement bien réservé, sur le chemin de la Présidence. Aucun
ministre ou directeur ne voulait être en
reste. L’UPR a, lui aussi, battu le
rappel de ses troupes. Les hommes d’affaires proches du pouvoir se sont également joints à la fête. Ils ont mobilisé d’énormes moyens pour louer des bus et assurer le transport des
populations des quatre coins de la capitale. Pour l’oligarchie
politico-militaro-affairiste, qui tient ce pays en otage depuis 1978, il fallait,
à tout prix, réussir le challenge. Trois jours après l’imposant meeting de
l’opposition, les ténors du pouvoir tenaient à montrer au président que l’Azizanie
se porte toujours bien et que ni la bévue du boss ni son absence n’ont en rien
altéré le soutien des Mauritaniens à sa politique ‘’éclairée’’. Quitte à employer
des méthodes dignes des structures d’éducation des masses dans leur plus vile
expression. Feignent-ils d’ignorer que la présence massive des foules n’est un baromètre
pour rien du tout ? Ont-ils oublié que Maaouya drainait autant de
monde ? Et que, le 3 août 2005, cette même foule qui acclamait celui-ci s’est retournée, comme un seul homme, pour
dénoncer son pouvoir et applaudir ses tombeurs ? Personne ne semble s’en
soucier. Les mêmes visages ont débité les mêmes insanités. Comme frappés
d’amnésie. Sans se poser la moindre question. Il y a pourtant de quoi
s’interroger.
Quarante jours sont passés. On ne
sait toujours rien sur les circonstances exactes de la blessure du président,
pas grand-chose sur sa santé, ni sur les
éventuelles séquelles du dol. Après deux
apparitions, furtives, avec le ministre français de la Défense et le médecin qui
le soignait, et, alors qu’on glosait sur une probable rechute, le voilà qui
surprend tout le monde, en se faisant recevoir par Hollande. Le président
français qui l’évitait, pourtant, comme la peste et ne lui avait envoyé ni son
Premier ministre, ni son ministre des Affaires étrangères, durant sa
convalescence, lui a offert, ainsi, un cadeau inespéré. A 24 heures d’un
meeting de l’opposition, qui devait dénoncer la vacance du pouvoir, l’intrusion
de la France,
dans le jeu politique national, ne peut être fortuite. A-t-elle reçu des
garanties, quant à l’implication de la Mauritanie dans la guerre au Mali, alors qu’Ould
Abdel Aziz s’y refusait jusque là ?
Hollande n’a-t-il pas déclaré, à leur sortie d’audience, que « le dialogue
est impossible avec les terroristes » ? Autrement dit, « nous
sommes tous les deux d’accord : la guerre est la seule issue pour libérer
le Nord-Mali ». Aziz a, aussitôt, opiné du chef, avant de se dédire,
quelques heures après, lors d’une
interview à France 24, où il a dit et répété que le dialogue doit être
privilégié. Un revirement que les Français n’ont certainement pas manqué de
relever. Et qui n’est pourtant pas
surprenant, de la part d’un homme habitué à toutes sortes de pirouettes pour
arriver à ses fins. Mais, tôt ou tard, il faut faire face à la réalité. Et la
nôtre s’appelle : pouvoir personnel, forclusion des institutions,
échéances électorales à préciser, gestion opaque des deniers publics,
incapacité gouvernementale, omnipotence de l’Armée. La liste n’est pas
exhaustive. Trouvons d’abord des solutions à ces maux. Il y va de notre survie.
Ahmed Ould Cheikh
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