samedi 12 mai 2012

Editorial : Feu de paille

La scène politique est entrée en ébullition. Après Biram, qui a brûlé des livres de juristes malékites (un geste dont il aurait bien pu se passer), suscitant le tollé général, la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) tentait, mercredi dernier, de ravir, à nouveau, la Une. En organisant une marche qui devait être suivie d’un sit-in de 48 heures, pour réclamer le départ de Mohamed Ould Abdel Aziz. Et elle allait réussir son pari, n’eût été l’intervention, musclée, des forces de l’ordre, au petit matin du jeudi, pour disperser les militants, à coups de grenades lacrymogènes. Pourtant, pas plus tard qu’il y a deux semaines, Ould Abdel Aziz avait déclaré, dans une interview à certains médias français, que l’opposition avait toute latitude pour manifester, se permettant, même, une pointe d’humour déplacé, en ajoutant qu’il avait demandé, au ministre de l’Intérieur, d’inviter celle-ci à manifester à sa guise. Une façon de banaliser les manifestations d’une opposition qui, si l’on en croit ses éructations, lors du meeting de Nouadhibou, ne le fait pas si sourire que cela. Sinon, pourquoi recourir à la force, quand tout n’est que « gesticulations de vieux croulants qui refusent de voir la réalité en face et que manipulent des aigris, sevrés de l’argent public », pour reprendre sa terminologie ? Ould Boilil n’a peut-être pas compris l’humour présidentiel et, néanmoins, circonstanciel (de temps). Ou ne l’a-t-il compris qu’au premier degré : autoriser l’opposition à manifester comme le lui demande son patron… pour mieux la réprimer ? Surtout qu’il ne peut rien lui refuser. N’est-il pas celui qui l’a fait roi et le maintient encore en vie, après son départ à la retraite ? Toujours est-il que, non content d’empêcher ses contradicteurs de s’exprimer librement, le pouvoir a, également, commandé, à son parti-Etat, une campagne d’explication, de dénigrement et d’affichage. Explication, par les ministres et les responsables du parti, des « réalisations grandioses de la Rectification ». Dénigrement de l’opposition, de ses leaders et de son discours. Et affichage de slogans (aussi ridicules qu’inutiles), à tous les carrefours de Nouakchott. Le tout enrobé dans une littérature digne des pires régimes d’exception. Au fait, comment peut-on qualifier le nôtre, de pouvoir ? Et combien y-a-il encore de régimes issus de la Grande Muette, dans le monde arabe ? Soudan, Syrie et qui encore ? Le cercle se réduit, Ould Abdel Aziz, et la manipulation des rares têtes brûlées comme Biram n’est que feu de paille : elle ne tiendra pas le printemps… P.S. du coq à l'âne : Après Alain Joyandet, le ministre français de la Coopération et Cheikh Tidiane Gadio, celui des Affaires étrangères du Sénégal, renvoyés, comme des malpropres de leur gouvernement ; après Khadafi, chassé du pouvoir par une révolution improbable et exécuté en pleine rue ; après Wade, qui s'est accroché au pouvoir avant d'être défenestré, et Sarkozy qui vient de subir le même sort, tous ceux qui se sont ligués contre Sidi Ould Cheikh Abdallahi semblent comme poursuivis par une malédiction. A qui le tour maintenant ? Ahmed Ould Cheikh

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