vendredi 2 mars 2012

Editorial : Du mouron, en veux-tu, en voilà…

« Confidence » d’Ould Abdel Aziz aux sénateurs de son parti, qu’il a rencontrés la semaine dernière, en leur demandant de la taire, pour le moment : Il ne se présentera pas à la présidentielle de 2014. Chut ! Surtout ne le dites pas aux ennemis de la Rectification, aux gabegistes – ceux de l’autre camp, bien sûr ! – et à l’opposition : ils sauteraient de joie à l’idée que le Trésor public n’aura plus de gardien.
Il n’en fallait pas plus pour que la rumeur s’empare de l’info, la gonfle, l’étire, la tourne et la retourne en tous sens. Elle était à la Une de toutes les discussions de salon, des journaux et des sites d’information. Avant qu’elle ne se dégonfle, le lendemain, Ould Abdel Aziz n’ayant jamais songé, ne serait-ce qu’un instant, à quitter, de son plein gré, le palais gris qu’il squatte depuis 2005. En fait, le Président, dans le style alternant sérieux et dérision dont il a le secret, avait demandé, aux sénateurs, de travailler, dorénavant, pour faire de l’UPR un véritable parti, capable de survivre à toute éventualité, comme, par exemple, s’il décidait, lui, le Grand Manitou, de ne pas briguer un second mandat en 2014. Une simple hypothèse d’école dont la conclusion ne lui a jamais traversé l’esprit. Exactement comme a survécu le PRDS, après le départ de Maaouya, en 2005, serait-on tenté de lui répondre. Les deux partis ont, en effet, plusieurs points communs : fondation par président en exercice, recrutement parmi les laudateurs de la République et fâcheuse tendance à l’évaporation, dès lors qu’ils ne sont plus aux affaires.
En fait, tout est dit à dessein. L’homme accumule, depuis quelques temps, les mauvais points. L’affaire de son fils l’a, paraît-il, beaucoup affecté. Les conséquences de la sécheresse qui s’abat sur le pays risquent d’être désastreuses. AQMI n’est toujours pas vaincue et menace d’exécuter le gendarme qu’elle a enlevé à Adel Bagrou. Les troubles, au Mali, qu’on a contribué à attiser, pourraient avoir un effet bomerang sur notre pays. L’opposition gagne des points et s’enhardit, de plus en plus. La rue gronde, pour cause de problèmes d’Université et d’enrôlement. La vie se renchérit, de jour en jour. Une partie de l’Armée est mécontente. Le gouvernement a, largement, prouvé son incompétence. Le dialogue politique n’a pas produit les résultats escomptés. Les élections sont renvoyées aux calendes grecques. Et aucun espoir ne pointe à l’horizon. Sauf celui, déjà fort émoussé, puisqu’il n’aura tenu qu’à peine vingt-quatre heures, de voir, enfin, les militaires rentrer dans leurs casernes.
Et l’on va devoir se taper ce régime encore un mandat et demi ? Y a, vraiment, de quoi se faire du mouron…
Ahmed Ould Cheikh

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