jeudi 16 juin 2011

Editorial : A chacun son souci

Après les éructations consécutives à la poussée de la jeunesse du 25 février, qui ont, apparemment, fait long feu – pour des raisons sur lesquelles il faudra revenir – la scène politique frémit à nouveau. C’est, d’abord, le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, qui jette un énorme pavé dans la mare, en affirmant qu’Ould Abdel Aziz est sincère, dans sa volonté de dialogue. Contrairement à ce que pense la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) à laquelle il appartient. Quelques jours après, il revient, de nouveau, à la charge, en déclarant qu’il est prêt à dialoguer avec le pouvoir, même si ses amis ne s’y résolvent pas. Stupeur et consternation, à la COD, dont certains éléments avaient, déjà, remarqué, depuis quelque temps, que le pourfendeur du coup d’Etat du 6 août 2008, celui qui tenait la dragée, si haute, à Ould Abdel Aziz, commençait à «flancher» dangereusement. Ce à quoi le vieux leader haratine réplique qu’il s’est opposé, quand il le fallait, et qu’à présent, il opte pour l’apaisement. Que récoltera cette main tendue? Un dialogue franc, sincère et honnête, sur les problèmes de l’heure, notamment les prochaines élections qui pointent à l’horizon? Ou, encore une fois, les désillusions d’une énième manœuvre d’Ould Abdel Aziz pour diviser l’opposition, renforcer sa position, en attendant le passage de l’orage du mécontentement populaire grandissant? Comme ce qui s’est passé avec Ould Daddah, pour qui le général avait les yeux de Chimène, après le coup d’Etat de 2008, et à qui il fit une cour, assidue, avant de le lâcher, avec fracas. Certes, rien n’indique qu’il fera la même chose avec Messaoud. Opposant échaudé devrait, pourtant, craindre l’eau froide. A moins que Messaoud ne veille faire payer, à Ould Daddah, son soutien à Ould Abdel Aziz, aux premières heures de la «rectification».

Autre pierre jetée dans le marigot: la déclaration d’Ould Daddah selon laquelle son parti ne serait pas concerné par les élections municipales et législatives prévues pour la fin de l’année en cours. Le chef de file de l’opposition a multiplié, ces derniers temps, les sorties, au vitriol, contre le pouvoir en place; qui ne fait pas grand-chose, en retour, pour maintenir le contact avec ceux de l’autre camp, gérant le pays de manière unilatérale. Même pour des élections aussi importantes que celles qu’il compte organiser, il n’a posé, jusqu’à présent, aucun geste, à l’endroit de partis pourtant concernés, au premier chef. Le code électoral n’a toujours pas été débattu, pas plus que la mise en place d’une CENI et autres dispositions liées à l’organisation matérielle du scrutin. Le pouvoir gagnerait, cependant, à associer tous les acteurs, ne serait-ce que pour éviter des contestations. Cela pourrait, surtout, permettre, à Ould Abdel Aziz, de tester, en amont, sa vraie popularité et de se rendre compte si la «vague» qui l’a porté au pouvoir croit, toujours, aux lendemains qu’il lui a promis. Mais est-ce là son principal souci?

Ahmed Ould Cheikh

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