mardi 14 septembre 2010

Editorial : Pauvres de nous!

Comme nous l’annoncions dans notre édition du 24 août, Le Calame a pris ses deux semaines de vacances. En attendant qu’un hypothétique dialogue s’instaure ou que la majorité et l’opposition arrêtent de se chamailler pour des broutilles. Peine perdue, apparemment. Le dialogue, c’est désormais l’Arlésienne. On en parle mais on ne le voit jamais. La faute à qui? A l’opposition qui ne cesse de le réclamer ou au pouvoir pour qui les Accords de Dakar appartiennent au passé? Et que même Said Djinnit, le représentant de l’ONU en Afrique de l’Ouest, qui avait assisté aux difficiles négociations dans la capitale sénégalaise, n’a pas fait fléchir d’un pouce.

Il faut dire qu’Ould Abdel Aziz a d’autres chats à fouetter que de discuter avec une opposition qui refuse de voir les «progrès immenses réalisés, par notre pays, sur la voie du développement». Il veille sur tout et contrôle tout, y compris la moindre dépense et le plus petit marché public. Et ne manque pas une occasion de rappeler, à ses ministres, qu’ils sont, tous, sur un siège éjectable, à tout moment. Ce n’est, pourtant pas, forcément la meilleure manière de penser à l’avenir et de travailler à tête reposée, avec suspendue, au dessus de celle-ci, une telle épée de Damoclès...

Mais bon. Les Mauritaniens ont leur président «Superman», ils peuvent, désormais, dormir tranquilles. Les voleurs de deniers publics savent, à présent, à quoi s’en tenir. Et AQMI doit bien compter ses volailles, avant d’en éparpiller les plumes. Les barbus peuvent toujours courir, envoyer un ou deux commandos prétendre massacrer nos militaires, expédier quelques kamikazes à Nouakchott ou Néma. Leur poulailler se dépeuple. D’autant plus que nos vaillantes-forces-armées-et-de-sécurité veillent au grain et qu’Ould Abdel Aziz l’a dit et répété : «Nous ne libérerons pas les terroristes sous la contrainte». Mais sous la pression «amicale» de nos amis espagnols ou lorsque le «guide éclairé», dans son infinie bonté, décidera d’en gracier à la pelle. Histoire de regarnir le poulailler?

Le gouvernement, lui, n’est pas en reste. Il s’agite sur plusieurs fronts. Il peut se prévaloir d’avoir planté quelques arbres, après en avoir arraché d’autres; d’agrandir deux ou trois avenues, pour les transformer en piscines, à la moindre goutte de pluie; de délivrer un agrément, pour une société de distribution d’hydrocarbures, et un autre, pour une compagnie d’assurances. Mais ne demandez surtout pas à qui. En Mauritanie nouvelle, il n’y a ni népotisme ni favoritisme. Juste un petit coup de main à des proches dans le besoin. Et comme l’écrasante majorité des Mauritaniens est dans cette situation, vaut mieux n’en avoir pas trop, des proches. Faut trier, et, tout ça, sous l’œil attentif du président des pauvres… Particulièrement au lendemain d’un éprouvant Ramadan… Ah, pauvres de nous!

Ahmed Ould Cheikh

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