jeudi 23 septembre 2010

Editorial : Introuvable moindre mal ?

«La meilleure défense, c’est l’attaque», dit-on en football. Ould Abdel Aziz a-t-il fait sienne cette célèbre maxime, chère à certains entraineurs pour qui le tout défensif ne peut pas garantir la victoire et, pire, laisse l’avantage à l’adversaire? En s’attaquant aux combattants d’AQMI dans leur fief, le président a voulu faire d’une pierre plusieurs coups: montrer à ces «fous d’Allah» que la Mauritanie ne se laissera plus faire, qu’elle va anticiper leurs coups, qu’elle a les moyens de les poursuivre là où ils se trouvent et que, désormais, la guerre est ouverte. Avec tous les risques que cela comporte, pour le pays, placé sous les feux de la rampe et sur la liste noire des zones où il ne fait pas bon s’aventurer. Mauvais zrig, pour le tourisme, et surtout pour l’investissement. Mais notre président n’est pas du genre à s’embarrasser de ce genre de détails. Que personne ne vienne fouler notre sol national! Rien ne le départira de sa mission d’exterminer ceux qui osent attaquer notre pays, tuer nos soldats et se faire exploser devant nos casernes. Ce que le Mali ou le Niger ont peur de faire ou que l’Algérie a été incapable de réaliser, nos forces armées et de sécurité l’ont fait ou tentent de le faire.

C’est dans ce contexte – empreint de je ne sais quoi – qu’est intervenue la dernière attaque, déclarée préventive, comme la précédente, d’une unité de l’armée mauritanienne contre une «katiba» d’Al Qaida, non loin de la ville malienne de Tombouctou. Cela s’est passé le vendredi 17 septembre, en fin d’après-midi. Les combats, d’une rare violence, auraient duré toute la nuit et la matinée du lendemain. Bilan officiel: douze tués, dans les rangs d’AQMI, et six, côté mauritanien. Un bilan qui serait beaucoup plus lourd, selon une source sécuritaire algérienne qui, dès la matinée du samedi, évoquait au moins quinze morts parmi nos soldats. Mais d’où les Algériens tiennent-ils cette information? D’Al Qaïda elle-même que beaucoup affirment être largement infiltrée par la sécurité militaire algérienne? On n’a pas oublié l’affaire «Abderrazak El Para», toujours porté «inconnu» des services pénitentiaires de notre puissant voisin… Mais dans quel intérêt celui-ci gonfle-t-il nos pertes? Pourquoi ne nous prête-t-il jamais main forte, alors que l’ennemi est déclaré «commun», préférant cloîtrer ses troupes, à l’intérieur de frontières qui ne devraient pas les protéger, pour autant, des foudroyantes attaques terroristes, si l’on en croit les théoriciens de la «Blitzkrieg»?

A contrario, dans quelle mesure cette stratégie de ligne Maginot pourrait-elle être efficace? Donner des coups, c’est s’exposer à en recevoir. Du coup, la stratégie mauritanienne de mouvement hors des limites du territoire national apparaît bien aventureuse et d’une témérité de mauvais aloi. Ne devrions-nous pas multiplier, plutôt, nos efforts pour assurer des contres décisifs, sitôt que l’ennemi franchit nos frontières et, donc, une meilleure surveillance de notre espace? Sentant le pays plus que jamais dans l’œil du cyclone, l’opinion est divisée. Le sentiment d’insécurité gagne du terrain. Combiné aux incertitudes économiques quotidiennes, il entretient de dangereuses fissures dans la confiance envers le pouvoir en place et, surtout, dans notre hypothétique unité nationale. «De deux maux, il faut choisir le moindre», dit-on communément. Mais, en cette complexe occurrence, quelqu’un détermine-t-il, vraiment, celui-ci? Le cas échéant, selon quelles perspectives?

Ahmed Ould Cheikh

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