dimanche 1 novembre 2015

Editorial: Obligation de paraître


Tam-tam 2 n’a finalement pas eu lieu. Prévue initialement le 20 Octobre, la conférence a été reportée sine die. Faute de combattants ? Face au refus, systématique, de l’opposition de ne plus cautionner une autre mascarade, le pouvoir n’a pas sans doute pas  jugé productif de se donner de nouveau en spectacle, à la limite du ridicule, avec des partis de la majorité, quelques opposants persuadés d’avoir découvert le Saint Graal, des ONG cartables et beaucoup de troubadours écumant les couloirs du Palais des congrès, pendant une semaine, pour un résultat quasi nul.  La déclaration finale de Tam-tam 1 avait, pourtant, fait l’objet d’une large médiatisation et ses participants, chauds comme pas un, s’étaient donné rendez-vous le 20 Octobre, persuadés que l’opposition n’aurait autre solution que de prendre le train en marche. Pourtant, la CUPAD, où Boydiel multiplie les gestes de bonne volonté à l’égard du pouvoir, malgré l’hostilité manifeste de Messaoud,  avait refusé de se prêter au jeu, si toute l’opposition n’y participait pas. Son président a multiplié les rencontres, pour  faire fléchir les uns et les autres, sans aucun résultat apparent. Personne, à part les mêmes, ne s’est manifesté pour prendre part au bal. Du coup, Ould Abdel  Aziz a préféré renvoyer tout le monde dos à dos.
Il a, de fait, bien d’autres chats à fouetter : la situation économique qui lui donne des sueurs froides. Les recettes budgétaires qui se réduisent comme peau de chagrin. Le prix du fer  qui chute vertigineusement. Les sociétés d’Etat au bord de la faillite, si ce n’est déjà fait. L’agonie de la Santé. Le tableau noir de l’Education. Que faire ? Dialoguer ? Mais avec qui ?  Vendre les écoles ?  A qui ? Aux mêmes, qui ne sont jamais loin et qui ont fait main basse sur l’Ecole de police et le Stade olympique, pour des miettes qu’ils ne vont certainement pas payer ? Envoyer des militaires en Arabie saoudite, contre un peu de liquide, et faire taire les Koweïtis, de plus en pressants derrière une dette contractée il y a quelques années et qui, sous l’effet conjugué des agios et de l’irrespect des échéances, s’est transformée en boulet ?
Voyez-vous notre guide éclairé accorder, dans ces conditions, la moindre importance au dialogue ? Sans l’opposition, ce serait, certes, du gâteau mais si fade et coûteux, à défaut d’être goûteux. Avec elle, et en position de si grande faiblesse, du piment à s’arracher le veston, jusqu’aux galons et étoiles, peut-être, que notre défroqué tient précieusement sous sa jaquette civile. On n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise. Bref, pas question de risquer l’étiquette d’homme fort de Nouakchott. C’est l’atout-maître, aux yeux de beaucoup, notamment de nos partenaires occidentaux, et, à moins d’être assuré du contrôle d’un éventuel chaos, nul doute que l’argument demeure la pierre d’angle du pouvoir actuel. Mais cette quasi-obligation de toujours paraître  ce qu’on n’est déjà plus, si souvent exprimée en intransigeance coupante, n’est-ce pas, en définitive, un aveu de faiblesse ? La vraie et dramatique limite d’une prétendue volonté de dialogue ?  
                                                                                  Ahmed Ould Cheikh

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