vendredi 26 septembre 2025

Editorial: Eternel recommencement

 Après des rumeurs de plus en plus insistantes sur l’imminence d’un changement de gouvernement dont même le chef serait partant à coup sûr, la montagne a finalement accouché d’un léger remaniement. Quatre ministres ont été défénestrés et un cinquième a vu sa chute amortie par un tremplin à la présidence. Pourquoi quatre ? Ont-ils été mauvais ? N’ont-ils pas réussi les missions pour lesquelles ils ont été nommés ? Ont-ils été jetés en pâture à une opinion publique friande de changements ? Et ceux qui les ont remplacés ? Sur quels critères ont-ils été choisis, si ce n’est les dosages tribalo-régionaux ? Feront-ils mieux que ceux qu’ils ont remplacés ? Réponse dans un an… lorsque l’heure du changement sonnera de nouveau et que les rumeurs commenceront à enfler sur l’inéluctabilité d’un énième remaniement ministériel. Notre pays est probablement le seul au monde où le choix des ministres ne répond à aucune logique. On peut bombarder un docteur en chimie ou un mécanicien de bateau ministre des Affaires islamiques. Du temps de Maaouya ould Taya, la fonction de ministre était tellement banalisée que certains étaient nommés pour un ou deux mois sans comprendre ce qui leur arrivait. On n’en est heureusement plus là mais il faut au moins laisser le temps à ces pauvres ministres de prendre leurs marques et ne leur demander des comptes qu’après. Un an, c’est juste suffisant pour commencer à mettre en œuvre le programme sur lequel a planché le ministre plusieurs mois depuis sa nomination. Une fois celui-ci renvoyé, on repart de zéro et le nouveau venu prendra le même chemin avant d’être remercié à son tour. Qui a dit que l’Histoire est un éternel recommencement ?

                                         Ahmed ould Cheikh

vendredi 19 septembre 2025

Editorial: Chassez le naturel....

 Des tribus qui se réunissent au vu et au su de tous pour choisir leurs chefs. D’autres qui organisent des festivals ouvertement en leur nom. D’autres, enfin, qui se plaignent de ne pas avoir leur part du gâteau que constituent les hautes fonctions.  On a assisté ces derniers mois au retour en force de la tribu sans que l’État ne lève le petit doigt. Il y a quelques mois pourtant, Mohamed Salem ould Merzoug, encore ministre de l’Intérieur, avait envoyé une circulaire à toutes les autorités administratives interdisant toute manifestation à caractère tribal. Et la consigné fut respectée… du moins jusqu’à son départ. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Il y a des réflexes qui ont la vie tellement dure que, même avec la meilleure volonté du monde, il est pratiquement impossible de s’en défaire. Et la tribu en fait sans conteste partie. Feu Mokhtar, le père de la Nation, l’avait combattue intelligemment. Ainsi les chefs de tribus étaient reconnus par l’État et avaient même droit à un traitement symbolique du Trésor public. Mais une fois ceux-ci morts et enterrés, leurs remplaçants n’ont plus été reconnus par l’Administration et ne percevaient donc plus rien. L’idée du fin stratège était apparemment de faire disparaître les chefferies par extinction pour reprendre un mot en vogue à l’époque. Mais il lui arriva aussi de leur donner des coups plus violents. Ainsi tous les fonctionnaires qui avaient assisté à une réunion tribale en 1974 furent tous été limogés d’un coup. En ce temps pourtant, la tribu était pourtant plus forte et l’État juvénile. Mais il y avait une volonté. Et c’est ce qui compte quand on veut bâtir un État.

 

                                                Ahmed ould Cheikh

lundi 8 septembre 2025

Interview (presque) imaginaire avec le président Ghazouani

 Le Calame : Assalamou aleykoum, Monsieur le président !

Le président Ghazwani : Aleykoum Essalam ! (Il commence à invoquer Allah et son Prophète (PBL) et récite plusieurs versets du Saint Coran pointant un doigt dans chaque direction cardinale…)

- C’est la première que vous vous entretenez avec un journal local….

- Pas tout-à-fait. J’ai quand même déjà tenu une conférence de presse avec la presse privée nationale. C’était quand déjà ?

- En Février 2020.

J’en tiendrai bientôt une autre, incha Allah.

- Quand ?

- En 2029.

- Mais c’est loin !

- Pas du tout ! Le temps s’écoule à une telle vitesse que je ne le vois pas passer. 2029, c’est demain. Je commence déjà à regretter la présidence.

- Mais vous êtes là encore pour quatre ans…

- 4 ans ? Je croyais que c’était quelques mois tellement ça va vite.

- Mais vous devez vous reposer après toutes ces années passées à servir votre pays…

- Qui vous dit que je suis fatigué ? Tout le monde me dit qu’il faut se reposer mais je me repose. Je dors, je dors…

- Avez-vous une idée de qui va vous remplacer ?

- Mais je suis encore là !

- Vous allez donc appliquer la règle du « j’y suis, j’y reste » ?

- Feu Mokhtar avait dit un jour que la présidence a un goût particulier. Il ne croyait pas si bien dire. D’ailleurs, elle a maintenant plus de goût (rires).

- N’est-il pas temps pour le pays de tourner la page des militaires ?

Quels militaires ? Moi, je ne suis plus militaire. Aziz, euh… n’en était plus un.

- En parlant d’Aziz, comptez-vous le gracier avant votre départ ?

- Euh…. J’ai trouvé le pays dans une situation difficile et nous travaillons à le remettre sur les rails.

- Vous arrive-t-il d’évoquer avec vos ministres la fin de votre second mandat et l’éventualité d’un troisième ?

On ne parle de corde dans la maison d’un pendu. C’est un sujet sensible en effet. Ils ne veulent évidemment pas que je parte. Il faut reconnaître que je ne suis pas insensible à leurs arguments mais chaque chose en son temps. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs.

(Son aide de camp lui apporte un téléphone : c’est le PM et c’est urgent apparemment). Puis, après avoir raccroché :

- C’est encore Ould Djay qui se plaint que certains ministres n’appliquent pas ses consignes. Pourtant avec moi, ils sont gentils. Ils n’arrêtent pas de hocher la tête et même de rire sans raison.

- Biram et Samba Thiam continuent à réclamer la légalisation de leurs partis. Qu’attendez-vous pour les reconnaître ?

- C’est un dossier géré par le ministère de l’Intérieur et je n’interviens jamais dans le travail des ministres surtout s’ils le font bien.

- Vous allez assister à l’investiture de Sidi ould Tah à la BAD ?

- Effectivement. Je dois d’ailleurs vous laisser, je vais de ce pas à l’aéroport. Mon avion m’attend.

 

                                                            Propos (presque) recueillis par Ahmed ould Cheikh