jeudi 18 décembre 2025
jeudi 11 décembre 2025
Editorial: Avant qu'il ne soit trop tard
Un homme particulièrement méchant tomba, un jour, grièvement malade. Une femme qui n’avait pas échappé à ses médisances le croisa dans la rue après son rétablissement. « J’ai pensé être victime d’un empoisonnement », lui révéla-t-il. « Tu t’es donc mordu la langue », lui répondit-elle. Combien de journalistes (ou de ceux qui prétendent l’être), de chroniqueurs, de bloggeurs et de simples personnes adeptes des réseaux sociaux ont du poison à la place de la langue ? Combien de simples citoyens ou de fonctionnaires ont fait les frais de ces « chasseurs de tête » et ont été jetés ainsi en pâture à l’opinion, pour des faits souvent loin de la réalité ? Combien d’autres ont été diabolisés sur la base d’accusations erronées où le règlement de comptes se sent à plein nez ? La situation a, en effet, atteint un tel degré de pourrissement que l’État ne peut plus rester les bras croisés. Certes il existe déjà une loi sur la cybercriminalité mais il faut l’affiner et y introduire de nouvelles sanctions, de façon à décourager ceux qui ont fait de la calomnie leur gagne-pain. Ce n’est parce que la loi dépénalise les délits de presse qu’il faut s’engouffrer dans la brèche et considérer que la liberté d’expression n’a pas de limites. Ne dit-on pas que ‘’la liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres’’ ? L’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 n’énonce-t-il pas que « la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » ? Des citations que devraient méditer ces « justiciers » des temps modernes. Avant qu’il ne soit trop tard…
Ahmed ould Cheikh
dimanche 7 décembre 2025
Editorial: Argent perdu
L’enquête de haute facture réalisée par le site Madar, sur la gestion de l’aéroport de Nouakchott par la société Afroport et dont nous publions cette semaine de larges extraits, montre à quel point certaines entreprises étrangères implantées en Mauritanie foulent des pieds notre législation. Particulièrement lorsqu’il s’agit de déclarer leurs revenus réels et payer les impôts en conséquence. Se prévalant d’une exonération fiscale fictive, cette société refuse, malgré sept années d’activité continue et des recettes mirobolantes, de s’acquitter de ses obligations vis-à-vis du fisc. Et, jusqu’à présent, personne n’a pu l’y contraindre. Elle doit avoir une sacrée protection…
Et que dire de la Mauritanian Copper Mines, la fameuse MCM qui exploite depuis quelques années les mines de cuivre (et d’or) d’Akjoujt, pollue l’environnement de la région et fraude la Mauritanie et le fisc ? C’est la Cour des comptes qui a découvert le pot aux roses. Dans son dernier rapport, cette institution de contrôle lève, en effet, un coin du voile sur certaines pratiques peu orthodoxes de cette entreprise qui encaisse, chaque année, des millions de dollars dans une opacité totale par un subterfuge des plus simples : l’absence totale de prise en compte des revenus générés par l’argent (le minerai) associé aux lingots d’or produits par la société. Selon le rapport, la proportion de ce métal contenue dans les lingots d’or exportés varie entre 3 et 12%.
Pourtant, ni la convention signée avec l’État en 2004, ni l’avenant du 15 Juillet 2021 ne prévoient de mécanisme permettant de déterminer le sort de cet argent ni d’en comptabiliser la valeur. À qui la faute ? À la société qui s’est engouffrée dans la brèche laissée béante par des décideurs incompétents ? Ou à des négociateurs à qui avait été confiée une tâche dont ils ne peuvent s’acquitter convenablement ? Un redressement fiscal peut toujours permettre de rattraper une partie de cet argent perdu. Messieurs les inspecteurs des impôts, à vos calculettes !
Ahmed ould Cheikh
jeudi 27 novembre 2025
Editorial: Une volonté, un chemin?
Annonçant au Sénat la rapidité de la victoire qu'il venait de remporter sur Pharnace, roi du Pont (47 avant J. -C.), l’empereur romain Jules César s’écria : « Veni, vidi, vici » (je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu). De retour d’une visite menée tambour battant au Hodh Charghi, le président Ghazouani aurait-il pu s’exprimer de la sorte ? Certes, il est venu, il a vu mais a-t-il pour autant vaincu ? Le tribalisme, le communautarisme, la gabegie, ces tares qui rongent l’État et qu’il a fustigées tout au long de son parcours. Reconnaissons-lui le courage d’avoir au moins mis le doigt sur la plaie. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres puisqu’il ne suffit pas de dresser un diagnostic. Il faut parfois un remède de cheval et notre pays en a plus que jamais besoin, en ce moment-charnière de sa courte histoire.
Mais avant toute chose, il faut d’abord se poser plusieurs questions : qui est responsable de cet état de fait ? Qui a fait revivre la tribu qui avait pratiquement disparu, avant l’arrivée des militaires au pouvoir ? Qui a permis à la gabegie de prospérer ? Qui a instauré les dosages tribaux dans le partage de la haute fonction publique ? Certes, il ne sert à rien de remuer le couteau dans la plaie mais jeter un coup d’œil sur un passé douloureux permet d’éviter de tomber dans les mêmes pièges. En tout cas, le Président a un boulevard devant lui. En vertu de la Constitution, il ne sollicitera plus les suffrages des électeurs et peut, du coup, entrer dans l’Histoire, en tentant d’éradiquer des maux qui ont fait tant de mal à notre pays. Le combat risque d’être inégal face aux tenants du statu quo mais ne dit-on pas que « là où il y a une volonté, il y a un chemin » ?
Ahmed ould Cheikh
vendredi 21 novembre 2025
Editorial: Ne pas vendre la peau de l'ours....
Un célèbre proverbe français nous apprend, à juste titre, qu’il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Lors de sa dernière visite au Hodh Ech-Chargui, Ghazouani l’a répété – mais indirectement – aux membres de son équipe, à ses soutiens et à tous ceux qui veulent l’enterrer tôt. Une campagne entamée au lendemain même de son investiture pour le second mandat, le troisième n’étant plus envisageable, en vertu de la Constitution. Depuis, ce bourdonnement ne s’est plus arrêté. Des journalistes (ou ce qui en tient lieu), des bloggeurs (pour ne pas dire blagueurs) et des influenceurs (pour ne pas dire influencés) sont mis à contribution pour vanter les mérites de tel ou tel successeur potentiel. La campagne a atteint un tel paroxysme que certains,comme le ministre des Affaires étrangères ou le directeur de cabinet du président de la République, se sont sentis obligés de sortir des rangs pour s’en démarquer ouvertement. Impassible jusqu’à présent, Ghazouani, piqué dans le vif, est finalement sorti du bois. À Timbédra, il a choisi ses mots pour dire à tous ceux qui s’aventurent déjà dans cette querelle de succession qu’elle n’a pas lieu d’être et qu’une équipe doit toujours tirer dans la même direction. Belle image pour un ancien militaire sachant, mieux que quiconque, qu’il ne faut jamais prêter le flanc à l’ennemi et qu’une compagnie minée par les divisions succombera aux premiers coups de l’ennemi. Sera-t-il entendu ? Faut-il plus qu’un discours pour mettre fin à la guerre des égos ? Car, pendant ce temps-là, les coupures d’eau et d’électricité se multiplient dans le pays, notamment à Nouakchott, et l’on aimerait vraiment beaucoup que le programme « Mon ambition pour la Patrie » débouche, si tel est vraiment le projet de notre Président, enfin sur autre chose que ces misérables bisbilles…
Ahmed ould Cheikh
vendredi 14 novembre 2025
Editorial: A moins que.......
On n’en attendait pas moins mais… mieux vaut tard que jamais ! Le Président l’a mis en exergue lors d’un speech prononcé à N’Beïket Lahwach et s’est montré ferme : tout fonctionnaire est un représentant de l’État, non seulement au bureau mais, également, en dehors de celui-ci. Il est donc inadmissible qu’il s’adonne à des pratiques que l’État reprouve. Sans la citer nommément, Ould Ghazouani fait une allusion à peine voilée à ce mal qui ronge la République : la tribu ; et qui a accompli un retour en force au cours des dernières années. Pour elle, les visites du Président à l’intérieur du pays sont des occasions rêvées de s’affirmer encore plus. Des défilés motorisés où l’on rivalise par le nombre de voitures sont organisées, des tentes dressées, des banderoles exposées et des affiches placardées en son nom… Pire, ses porte-paroles s’adressent directement à la presse (ou ce qui tient lieu) et ceux qui considèrent la leur exclue du gâteau que constituent les hautes fonctions n’hésitent pas à répercuter leurs jérémiades dans les réseaux sociaux. La coupe est désormais pleine et l’État ne pouvait plus continuer à rester les bras ballants face à un tel déferlement de bêtises. Il était grand temps que le Président tape du poing sur la table mais, dans certains cas où le corps est gangréné, les bonnes paroles ne suffisent plus. On se rappelle tous du fameux discours de Néma (tiens, tiens !) où Maaouya s’attaqua aux tribus, les accusant de tous les maux… avant qu’elles ne connaissent leur âge d’or sous son magistère ! Il avait certes besoin de leurs voix pour se faire élire, alors que pour celui qui ne brigue plus aucun suffrage, l’occasion est rêvée de laisser une empreinte dans l’histoire. À moins que…
Ahmed ould Cheikh
mercredi 5 novembre 2025
Editorial: Marchands de la mort
Le docteur Nedhirou ould Hamed s’y essaya en son temps et fut emporté par le courant qui charrie tous ceux qui essayent de mettre un peu d’ordre dans le secteur pharmaceutique de notre pays. De prime abord, il fit respecter le principe de la distance entre les pharmacies et en fermer des dizaines, s’attaquant frontalement à ces marchands de la mort important des produits qui n’ont de médicaments que les noms. Avec de terribles conséquences. Combien de personnes sont mortes à cause de produits toxiques qui leur furent vendus sous cette mensongère appellation ? Combien d’autres se sont retrouvées avec des reins défaillants et condamnées, en conséquence, à la dialyse perpétuelle ?
Certes, des efforts importants ont été fournis au cours des dernières années pour vérifier la traçabilité des médicaments et s’assurer de leur efficacité mais l’appétit sans limite des commerçants et les immenses profits qu’ils tirent de ce secteur empêchent toute réforme d’aboutir : ils sont prêts à y mettre les moyens. Tout responsable qui s’emploiera à déranger l’« ordre » bien établi se verra accuser de tous les péchés d’Israël, une virulente campagne de presse sera menée contre lui et, même s’il est la vertu incarnée, il sera dépeint sous les traits d’un diable incarné. Certains ont essayé de résister ; un temps… avant de passer à la trappe.
Mohamed Mahmoud Ould Ely Mahmoud, le nouveau ministre de la Santé qui vient de se fendre d’une déclaration fracassante à l’Assemblée, en invitant les commerçants à laisser le domaine de la pharmacie aux professionnels, ira-t-il plus loin ? Sa carapace sera-t-elle plus résistante que celle de ses prédécesseurs ? Réponse dans quelques mois, lorsque la réforme sera mise en œuvre. Nouveau théâtre de la lutte contre la corruption : voyons si notre Président et son Premier ministre sauront s’y révéler à la hauteur de leurs vertueuses déclarations de principe, en soutenant sans aucune réserve ni défaillance leur homme lige.
Ahmed ould Cheikh
mercredi 29 octobre 2025
Editorial: Ces « justiciers » acharnés derrière leurs claviers
Ils sont camionneurs, livreurs de pizzas, plongeurs dans les restaurants, taximen, gardiens d’immeubles que l’ignorance crasse a chassés de leur pays. Les autres, locaux ceux-là, sont soit chômeurs désœuvrés, soit délinquants en rupture de ban, soit aigris par une vie qui a souri à d’autres. Tous ont un point commun : l’acharnement. Dès qu’une information, même fausse, est mise en ligne par un membre de ce clan, c’est le branle-bas de combat. Tous s’y mettent à fond. S’érigeant en politologues, économistes, statisticiens ou sociologues, ils inondent la toile d’analyses si peu brillantes et… tout y passe : les plus basses insultes, les plus gros mots et les plus ignominieuses bêtises ! Même le président de la République n’est pas épargné par ce torrent de boue immonde ! Il encaisse, tous les jours, invectives, injures et quolibets. Se cachant souvent derrière des pseudonymes, ils se croient tout permis. À visage découvert, certains d’entre eux commencent à avoir pignon sur rue. Ils sont quotidiennement suivis par des milliers de followers qui reprennent en boucle des propos pourtant loin de la réalité, décousus, où les règlements de comptes se sentent à plein nez. Témoin, s’il en est, de la déchéance d’une société qui a perdu ses repères, Umberto Eco avait on ne peut plus raison lorsqu’il disait que « les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd'hui, ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. »
Ahmed ould Cheikh
vendredi 24 octobre 2025
Editorial: Agir maintenant ; posément, certes, mais vite !
Coupures d’eau, d’électricité et d’Internet récurrentes, alors que s’accroissent les difficultés à joindre les deux bouts – du mois, pour ceux qui ont la chance d’avoir un salaire régulier, aussi faible soit son montant –, voilà largement de quoi indigner nos populations devant les énormités des manquements gestionnaires relevés méthodiquement par la Cour des comptes et révélés tout dernièrement au grand public. La culture du vol en hauts lieux instaurée – que dis-je, magnifiée, protégée, encouragée –, faut-il se fâcher contre celle, galopante, des divers délits et crimes dans les banlieues éloignées du pactole ? On appelle, ici, à un renforcement de la répression policière, c’est tout-à-fait compréhensible… mais là-haut, on fait quoi ?
Il ne peut plus s’agir de limoger, quelque temps, avant de réintégrer ailleurs, en des postes à peine moins juteux ; sinon carrément plus. Ça suffit ! La coupe est archipleine et déborde depuis trop longtemps. Il faut im-pé-ra-ti-ve-ment sévir ! Marquer dé-fi-ni-ti-ve-ment une frontière, nette, entre les avantages normaux inhérents à une lourde tâche publique et les invraisemblables excès justement signalés par la Cour des comptes. Le peuple gronde. Et quoi ? C’est à une révolution effrénée que le régime actuel appelle ? On veut croire le président Ghazouani et ses vrais fidèles plutôt attelés à une franche et décisive réforme en profondeur, excluant, notamment et carrément, les tristes sires coupables de ces insupportables détournements de fonds. Plus de tergiversations ! Il s’agit maintenant d’agir ; posément, certes, mais vite !
Ahmed ould Cheikh
mercredi 15 octobre 2025
Editorial: Trop, c'est trp!
On ne le dira jamais assez. La lutte contre la gabegie, la mauvaise gestion et le détournement des deniers publics est un combat de longue haleine. Il ne suffit pas de la proclamer mais il faut la mettre en œuvre par des mesures fortes. Radicales, s’il le faut. Le dernier rapport de la Cour des comptes, qui vient d’être mis en ligne sur le site de cette institution – une mesure louable qui a au moins l’avantage de désigner les coupables de malversations à la vindicte populaire, à défaut d’une cour de justice – indique qu’on est loin d’être sortis de l’auberge. À parcourir le rapport, on ne peut qu’être pris de vertige devant l’ampleur du gâchis. Des milliards volatilisés, des procédures violées au grand jour, des marchés fractionnés pour être attribués sans appel d’offres, des recrutements de complaisance, des comptes ouverts et approvisionnés en violation flagrante de la loi, des créances irrécouvrables par absence de volonté… la liste est longue.
Le moins qu’on puisse dire est qu’en deux ans, les limiers de la Cour des comptes n’ont pas chômé. Ils ont repéré tellement d’irrégularités, là où ils sont passés, qu’ils ne savaient plus où donner de la tête. Et ils ne sont pas passés partout, en plus ! Des institutions qui ne sont pas loin de tout reproche, loin s’en faut, ont échappé à leur contrôle. En attendant le prochain tour ? On veut bien savoir pourquoi. Quelle suite sera donnée à ce rapport ? Les gestionnaires épinglés vont-ils répondre de leurs actes devant la justice ? Ou exigera-t-on seulement d’eux qu’ils remboursent les montants détournés… avant les maintenir en fonction, comme par le passé ? Il y a, en tout cas, urgence à frapper fort, pour mettre fin – sinon réduire sensiblement – des pratiques qui rongent le pays. Invité, il y a quelques années, d’une émission de télévision, le contrôleur d’État Ethmane Sid’Ahmed Yessa avait dit, en réponse à une question sur les sanctions à infliger aux auteurs des détournements de deniers publics : « On ne peut quand même pas dupliquer des lois venues d’ailleurs et condamner ces fautifs à la peine de mort. » Ce à quoi répliqua le célèbre journaliste, feu Amar ould Bouhoubeyni : « En ce cas, nous perdrons beaucoup de nos vaillants hommes. » Mais aujourd’hui, soyons clair : trop, c’est trop ! Il faut agir ! Sans plus tarder !
Ahmed ould Cheikh
vendredi 10 octobre 2025
: Ould Diay: du nouveau à venir?
C’est la question de la semaine : Après plus d’un an à la tête de la Primature, Ould Diay a-t-il réussi ou échoué ? A-t-il pu insuffler un sang nouveau à une institution qui en avait tant besoin ? Est-il parvenu à coordonner avec succès l’action d’un gouvernement dont il n’avait pas prise sur certains membres ? Ou n’a-t-il été, au contraire, que le premier des ministres, se contentant, comme tous ceux qui l’ont précédé, d’être un bon exécutant ? Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’au début de son « mandat », Ould Diay a fait preuve de beaucoup de vivacité, multipliant réunion sur réunion et descentes sur le terrain pour constater, de visu, l’évolution de divers projets. Il a également proposé une restructuration de son cabinet super pléthorique pour en obtenir une équipe homogène, tirant dans la même direction. Mais, au bout de quelques mois, tout a semblé s’étioler. Au lieu d’être compressé, ledit cabinet s’est retrouvé étoffé par des parachutages venus de partout et la fougue a cédé la place au train-train quotidien.
Pourtant, le PM ne désespère toujours pas. Ceux qui le connaissent de près affirment qu’il se révèle souvent fin manœuvrier et qu’il finira bien par faire pencher la balance dans le sens qu’il désire… pourvu qu’on lui en laisse le temps. Avec lui en tout cas, la Primature est devenue un centre d’intérêt. Personnage clivant, considéré, à tort ou à raison, comme l’un des hommes forts de la décennie azizienne, Ould Diay ne laisse personne indifférent. Sa résurrection, qui lui a permis de rebondir alors que tout le monde l’avait enterré, est le signe, pour certains, de sa capacité de manœuvre hors du commun ou, selon d’autres, de son étrange propension à se rendre indispensable. Quoi qu’on en dise, l’homme a, dans son sac, en tout cas plus d’un tour. On attend donc le prochain avec impatience ...
Ahmed ould Cheikh
vendredi 3 octobre 2025
Editorial: Agir, enfin
Il y a quelques jours, le quotidien marocain Al Akhbar a rapporté un fait divers très particulier. Deux fonctionnaires marocains (un homme et une femme), employés dans une administration publique du célèbre quartier Agdal de Rabat, sont tombés dans les filets de la police grâce à un ressortissant mauritanien. Venu chercher un document – délivré, en principe, sans frais par ladite administration – notre compatriote s’est vu proposer, par les deux indélicats, de passer d’abord à la caisse pour pouvoir l’obtenir. Il appelle aussitôt un numéro vert destiné à recevoir les plaintes de ce genre. Le Parquet ordonne à la police de prendre contact avec lui. Aussitôt dit, aussitôt fait. Les limiers décident de l’utiliser comme appât et de mettre en place un traquenard pour prendre les deux rapaces la main dans le sac. Notre ressortissant fixe donc ainsi à ceux-ci un rendez-vous dans l’après-midi, pour leur remettre le montant. Au moment même où ils s’apprêtent à l’encaisser, les policiers font irruption et les arrêtent la main dans le sac. Présentés à la justice en comparution directe, ils ont été condamnés à quatre mois de prison ferme chacun.
Une affaire qui devrait décourager les nombreux fonctionnaires encore enclins à exiger quelque dessous-de-table, en échange du service pour lequel l’État leur paye un salaire. Et que dire de nous ? Si un numéro vert comme celui-là est mis en place et la moindre dénonciation suivie d’effets, combien de nos agents se retrouveront-ils derrière les barreaux ? Il est indéniable que la corruption et la gabegie font partie des maux qui minent notre administration et, tant que des mesures radicales, dictées par une volonté politique inébranlable, ne seront pas prises, ces pratiques auront encore de beaux jours devant eux. Messieurs les dirigeants, faites quelque chose! Il n’est jamais trop tard pour bien faire, dit-on, mais il faut au moins commencer un jour ou l’autre ! Et le plus tôt sera certainement le mieux…
Ahmed ould Cheikh
vendredi 26 septembre 2025
Editorial: Eternel recommencement
Après des rumeurs de plus en plus insistantes sur l’imminence d’un changement de gouvernement dont même le chef serait partant à coup sûr, la montagne a finalement accouché d’un léger remaniement. Quatre ministres ont été défénestrés et un cinquième a vu sa chute amortie par un tremplin à la présidence. Pourquoi quatre ? Ont-ils été mauvais ? N’ont-ils pas réussi les missions pour lesquelles ils ont été nommés ? Ont-ils été jetés en pâture à une opinion publique friande de changements ? Et ceux qui les ont remplacés ? Sur quels critères ont-ils été choisis, si ce n’est les dosages tribalo-régionaux ? Feront-ils mieux que ceux qu’ils ont remplacés ? Réponse dans un an… lorsque l’heure du changement sonnera de nouveau et que les rumeurs commenceront à enfler sur l’inéluctabilité d’un énième remaniement ministériel. Notre pays est probablement le seul au monde où le choix des ministres ne répond à aucune logique. On peut bombarder un docteur en chimie ou un mécanicien de bateau ministre des Affaires islamiques. Du temps de Maaouya ould Taya, la fonction de ministre était tellement banalisée que certains étaient nommés pour un ou deux mois sans comprendre ce qui leur arrivait. On n’en est heureusement plus là mais il faut au moins laisser le temps à ces pauvres ministres de prendre leurs marques et ne leur demander des comptes qu’après. Un an, c’est juste suffisant pour commencer à mettre en œuvre le programme sur lequel a planché le ministre plusieurs mois depuis sa nomination. Une fois celui-ci renvoyé, on repart de zéro et le nouveau venu prendra le même chemin avant d’être remercié à son tour. Qui a dit que l’Histoire est un éternel recommencement ?
Ahmed ould Cheikh
vendredi 19 septembre 2025
Editorial: Chassez le naturel....
Des tribus qui se réunissent au vu et au su de tous pour choisir leurs chefs. D’autres qui organisent des festivals ouvertement en leur nom. D’autres, enfin, qui se plaignent de ne pas avoir leur part du gâteau que constituent les hautes fonctions. On a assisté ces derniers mois au retour en force de la tribu sans que l’État ne lève le petit doigt. Il y a quelques mois pourtant, Mohamed Salem ould Merzoug, encore ministre de l’Intérieur, avait envoyé une circulaire à toutes les autorités administratives interdisant toute manifestation à caractère tribal. Et la consigné fut respectée… du moins jusqu’à son départ. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Il y a des réflexes qui ont la vie tellement dure que, même avec la meilleure volonté du monde, il est pratiquement impossible de s’en défaire. Et la tribu en fait sans conteste partie. Feu Mokhtar, le père de la Nation, l’avait combattue intelligemment. Ainsi les chefs de tribus étaient reconnus par l’État et avaient même droit à un traitement symbolique du Trésor public. Mais une fois ceux-ci morts et enterrés, leurs remplaçants n’ont plus été reconnus par l’Administration et ne percevaient donc plus rien. L’idée du fin stratège était apparemment de faire disparaître les chefferies par extinction pour reprendre un mot en vogue à l’époque. Mais il lui arriva aussi de leur donner des coups plus violents. Ainsi tous les fonctionnaires qui avaient assisté à une réunion tribale en 1974 furent tous été limogés d’un coup. En ce temps pourtant, la tribu était pourtant plus forte et l’État juvénile. Mais il y avait une volonté. Et c’est ce qui compte quand on veut bâtir un État.
Ahmed ould Cheikh
lundi 8 septembre 2025
Interview (presque) imaginaire avec le président Ghazouani
Le Calame : Assalamou aleykoum, Monsieur le président !
Le président Ghazwani : Aleykoum Essalam ! (Il commence à invoquer Allah et son Prophète (PBL) et récite plusieurs versets du Saint Coran pointant un doigt dans chaque direction cardinale…)
- C’est la première que vous vous entretenez avec un journal local….
- Pas tout-à-fait. J’ai quand même déjà tenu une conférence de presse avec la presse privée nationale. C’était quand déjà ?
- En Février 2020.
J’en tiendrai bientôt une autre, incha Allah.
- Quand ?
- En 2029.
- Mais c’est loin !
- Pas du tout ! Le temps s’écoule à une telle vitesse que je ne le vois pas passer. 2029, c’est demain. Je commence déjà à regretter la présidence.
- Mais vous êtes là encore pour quatre ans…
- 4 ans ? Je croyais que c’était quelques mois tellement ça va vite.
- Mais vous devez vous reposer après toutes ces années passées à servir votre pays…
- Qui vous dit que je suis fatigué ? Tout le monde me dit qu’il faut se reposer mais je me repose. Je dors, je dors…
- Avez-vous une idée de qui va vous remplacer ?
- Mais je suis encore là !
- Vous allez donc appliquer la règle du « j’y suis, j’y reste » ?
- Feu Mokhtar avait dit un jour que la présidence a un goût particulier. Il ne croyait pas si bien dire. D’ailleurs, elle a maintenant plus de goût (rires).
- N’est-il pas temps pour le pays de tourner la page des militaires ?
Quels militaires ? Moi, je ne suis plus militaire. Aziz, euh… n’en était plus un.
- En parlant d’Aziz, comptez-vous le gracier avant votre départ ?
- Euh…. J’ai trouvé le pays dans une situation difficile et nous travaillons à le remettre sur les rails.
- Vous arrive-t-il d’évoquer avec vos ministres la fin de votre second mandat et l’éventualité d’un troisième ?
On ne parle de corde dans la maison d’un pendu. C’est un sujet sensible en effet. Ils ne veulent évidemment pas que je parte. Il faut reconnaître que je ne suis pas insensible à leurs arguments mais chaque chose en son temps. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs.
(Son aide de camp lui apporte un téléphone : c’est le PM et c’est urgent apparemment). Puis, après avoir raccroché :
- C’est encore Ould Djay qui se plaint que certains ministres n’appliquent pas ses consignes. Pourtant avec moi, ils sont gentils. Ils n’arrêtent pas de hocher la tête et même de rire sans raison.
- Biram et Samba Thiam continuent à réclamer la légalisation de leurs partis. Qu’attendez-vous pour les reconnaître ?
- C’est un dossier géré par le ministère de l’Intérieur et je n’interviens jamais dans le travail des ministres surtout s’ils le font bien.
- Vous allez assister à l’investiture de Sidi ould Tah à la BAD ?
- Effectivement. Je dois d’ailleurs vous laisser, je vais de ce pas à l’aéroport. Mon avion m’attend.
Propos (presque) recueillis par Ahmed ould Cheikh
vendredi 29 août 2025
Editorial: Ras-le-bol
Depuis quelques jours, une affaire de mœurs qui s’est déroulée à Nouadhibou enflamme les réseaux sociaux. Los d’une cérémonie de mariage où l’argent coulait à flots, deux hommes, pas très réguliers sur les bords et sans doute emportés par leur élan, se sont donné la bise. Et même plus, selon certains. Au vu et au su de tous ! Il n’en fallait pas plus pour que la Toile s’embrase. Pour certains, la société est devenue tellement permissive qu’il est désormais possible de s’adonner à de telles pratiques en public sans craindre d’être voué aux gémonies. Pour d’autres, la coupe est pleine, plus rien ne peut surprendre, l’impunité est devenue la norme.. Et l’État croise les bras au moment où les comportements déviants ont tendance à devenir monnaie courante et ceux qui les pratiquent pignon sur rue ! Ils ont voix au chapitre et leur influence ne cesse de grandir. Mais, comme pour couper court à toutes ces rumeurs, la justice s’est saisie de l’affaire. Nos deux larrons ont été épinglés l’un à Nouadhibou, l’autre à Nouakchott. Ils seront entendus par un juge et sans doute déférés… si la procédure suit son cours normal. Mais gageons qu’il n’en sera rien. Leurs protecteurs – et il y en a à tous les niveaux… – ne manqueront pas de se manifester pour faire clore le dossier et permettre aux impudiques d’échapper à un procès, le premier du genre, qui ne manquerait pas d’être retentissant. Il y a, en tout cas, comme un ras-le-bol et, si chacun a effectivement le droit de mener son intimité comme il le veut – C’est Dieu seul qui en jugera… – il doit cependant respecter la loi du public, telle qu’elle est clairement définie en Islam. Notre république n’est-elle pas islamique ?
Ahmed ould cheikh
mercredi 27 août 2025
Editorial: Silence, on pille!
Aly ould Bakar, un lanceur d’alerte, a été arrêté il y a quelques jours à Nouadhibou. Déféré en prison, il s’est retrouvé, tête rasée, au milieu de prisonniers de droit commun à la mine patibulaire, sans rien comprendre à cette situation ubuesque. Son crime ? Avoir dénoncé le pillage systématique de nos ressources halieutiques par des bateaux turcs disposant de complicités à divers niveaux qui leur garantissent l’impunité. Il y a quelques mois, « Le Calame » avait pourtant publié des images de ces mêmes bateaux naviguant dans des zones interdites réservées à la reproduction. Délestés de leurs balises qui permettent aux garde-côtes de suivre leur parcours en temps réel, ces trafiquants s’adonnent à leur forfait et rentrent au bout de quelques heures, les cales remplies à ras bord de poissons de qualité. Nos images et informations nous avaient été fournies par des opérateurs du secteur, révoltés par cette situation. Ce qui conforte les observateurs est que d’autres bateaux turcs, obligés de respecter les zones de pêche qui leur ont été allouées en vertu de la nouvelle réglementation, ont été obligés de plier bagages et d’aller voir ailleurs, leur pêche n’étant plus rentable. Seuls six à sept chalutiers « chanceux » sont restés dans nos eaux. Et, apparemment, il n’est pas bien vu de les dénoncer. Ould Bakar l’a appris à ses dépens. Avis à ceux qui seraient tentés de prendre le même chemin : mieux vaut assister en spectateur à l’innommable que de se retrouver derrière les grilles ! Bay Pekha, réveille-toi, ils sont devenus fous ! Le secteur pour lequel tu t’es battu toute ta vie est en train de partir à vau-l’eau.
Ahmed ould Cheikh
samedi 16 août 2025
Editorial: Urgence routière
La vidéo a fait le buzz sur la Toile, la semaine dernière. On y voit un motard étranger, caméra vissée sur le casque, slalomer entre les trous béants de la route Nouadhibou-Nouakchott (qu’il serait injuste de nommer nids de poule, tant ils sont énormes), faire des commentaires genre « la route la plus mauvaise du Monde » et plaindre les nombreux usagers de cet axe obligés de vivre un véritable calvaire. Et pourtant, elle tourne ! Ce qu’a divulgué ce blogueur du dimanche n’est que la stricte vérité. Nos routes sont dans un état déplorable. Si l’on excepte la route Nouakchott-Rosso construite par une société française, sur financement de l’Union européenne et donc selon de strictes normes, les autres se détériorent à la vitesse grand V. Les axes Nouakchott-Nouadhibou, Akjoujt-Atar, Nouakchott-Boutilimit, Aleg- Boghé et autres n’ont plus de routes que le nom. Il suffit de demander à ceux qui les empruntent tous les jours pour se rendre compte que le tourisme intérieur cher à notre Président ne sera pas de tout repos. À qui la faute ? À l’État qui attribue les marchés à des sociétés techniquement défaillantes et n’ont aucun respect pour les délais ? Aux bureaux de contrôle qui font preuve de complaisance, en n’exigeant aucune conformité avec les cahiers de charges ? Aux prix appliqués avec lesquels il est impossible d’exiger un travail de qualité ? Il est plus que temps d’envisager des états généraux des routes pour établir un diagnostic sans complaisance de la situation et lui trouver des solutions radicales. L’hécatombe qu’on voit tous les jours ne peut plus attendre. Le dialogue politique, oui, sans aucun doute !
Ahmed ould Cheikh
jeudi 7 août 2025
EDitorial: Du mépris européen à l’amabilité asiatique
Rarement une décision des hautes autorités aura suscité autant d’avis favorables. En conseillant aux ministres et aux fonctionnaires de passer leurs vacances auprès des leurs à l’intérieur du pays, le président de la République a mis le doigt sur une véritable plaie. Cette invite permet non seulement d’éviter une saignée de devises dont profitent les pays où ces messieurs et dames se rendent trop souvent en villégiature mais elle aura également des effets bénéfiques sur nos villes de l’intérieur. D’ailleurs la tendance est nette. Certaines villes d’Espagne et du Maroc habituées à recevoir chaque été des milliers de touristes mauritaniens affichent vide. Cela ne manquera pas d’avoir des impacts négatifs sur leur immobilier, restauration et commerce, en général, mais ne sera certes pas une mauvaise chose pour nous. Il n’est en effet pas normal que des pays dont les ambassades ne respectent guère les demandeurs de visas continuent à profiter de nos concitoyens en les suçant jusqu’à la moelle.
À cet égard, ce qui se passe depuis quelques mois à l’ambassade d’Espagne dépasse l’entendement. Pour seulement obtenir un rendez-vous, il vous faut débourser jusqu’à 200.000 MRO à des intermédiaires de l’agence chargée, par l’ambassade, de la réception des dossiers de visas. Et une fois obtenu ledit rendez-vous, commence un autre feuilleton, celui de l’ambassade qui garde les passeports pendant deux mois, ne décerne les visas qu’au compte-gouttes et rejette les dossiers pour trois fois rien. Et si jamais vous obtenez, par le plus pur des hasards, le fameux sésame, vous n’êtes pas sûrs de fouler le sol espagnol : un policier à qui votre tête ne revient pas peut décider unilatéralement de vous refouler. L’Europe ne nous est plus accueillante ? Dont acte qu’on aurait bien l’intelligence de pousser plus loin, en n’achetant plus européen : l’Asie est tout-à-fait en mesure, désormais, de pourvoir à tous nos besoins… en attendant que nos propres investissements, à demeure, nous ouvre de nouveaux horizons.
Ahmed ould Cheikh
samedi 19 juillet 2025
Editorial: Victoire ou mise en scène
À l’instar de quatre de ses pairs africains, le président Ghazouani a déféré à l’invitation de son homologue américain, l’inénarrable Donald Trump. La rencontre et ses différentes péripéties ont fait couler énormément d’encre et de salive. Pour certains, l’invitation est en elle-même une victoire diplomatique pour ces cinq pays triés sur le volet dont les USA veulent se faire des partenaires et dont le choix a suscité bien des jalousies. Il n’est, en effet, pas donné à tout le monde de recevoir autant d’égards de la première puissance économique et militaire mondiale. Plus critiques, d’autres y sont allés de leurs commentaires parfois acerbes. Souvent anonymes, des chroniqueurs n’ont pas mâché leurs mots : «mise en scène», «convocation» et même « humiliation ». Feignant d’oublier un fait essentiel et inédit : si la télévision n’avait pas transmis en direct le contenu des entretiens entre les présidents, personne n’aurait su ce qu’ils se sont dit et cette diarrhée verbale n’eût jamais existé. Face à un Trump égal à lui-même et sans peu de considérations envers les usages diplomatiques, les présidents africains ont été loin d’être ridicules. Ils ont présenté leur pays respectif, leurs potentialités et appelé à une coopération fructueuse avec l’Oncle Sam. Un premier pas a été ainsi franchi. On attend la suite qui sera, on l’espère, bénéfique pour nos pays.
Ahmed ould Cheikh
vendredi 11 juillet 2025
Editorial: Comme un air de sabotage
Après les ponts dits de l’Amitié, Taazour et El Haye Sakine, dont Nouakchott avait tant besoin pour désengorger une circulation devenue infernale, le président de la République a inauguré la semaine dernière plusieurs infrastructures, notamment la deuxième phase du projet Aftout ech-Charghi, une école dédiée aux métiers des mines, deux nouveaux sièges pour la protection civile et la direction générale des Archives nationales. Pour un pays comme le nôtre, encore en retard dans le domaine des infrastructures, on ne peut qu’applaudir, même s’il reste beaucoup à accomplir, notamment dans les secteurs de l’eau et de l’énergie. Il n’est, en effet, pas normal qu’au 21ème siècle et malgré les énormes moyens mobilisés, aucune ville mauritanienne n’est autosuffisante en eau et électricité, y compris Nouakchott. Pire, des projets financés à coup de milliards sont souvent sabotés. Vous voulez des preuves ? En voici ! La réalisation de la première phase du projet Aftout ech-Charghi qui devait alimenter des dizaines de villages en eau potable s’est révélée catastrophique. Et lorsque le responsable d’une ONG a dénoncé cette situation, preuves à l’appui, il s’est retrouvé en prison. Financé gracieusement par la Chine, le pont de l’Amitié n’a rien à voir, question qualité, avec les deux autres ponts pour lesquels l’État a débloqué des milliards. Les amphithéâtres de l’Université deviennent une passoire à la première goutte de pluie. La faute à qui ? Aux cahiers de charges mal élaborés ? Aux bureaux de contrôle qui ferment les yeux ? Aux ministères qui débloquent les paiements sans s’assurer de la capacité de service ? Il y a en tout cas comme un air de sabotage dont n’hésitent pas à profiter certains. Jusqu’à quand ?
Ahmed ould Cheikh