mardi 24 décembre 2024
Editorial: Les ordures, vitrine de la Mauritanie
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature ! Loin de là : vous serez plutôt dégoûtés par les tonnes de détritus qui jonchent nos quartiers, même les plus chics. Que dira le touriste, l’homme d’affaires ou n’importe quel visiteur officiel une fois à Nouakchott ? Que nous sommes nés avant la honte, comme disent nos amis ivoiriens. Que les bédouins que nous étions et que nous sommes toujours, du moins dans nos têtes, n’ont toujours pas assimilé la vie citadine. Que les sociétés chargées de collecter les ordures font tellement mal leur travail que la ville est devenue un dépotoir à ciel ouvert. Qu’avant de moderniser, il faut d’abord balayer. Que nos décideurs n’ont toujours pas compris qu’il s’agit là d’un problème vital auquel il faut s’attaquer sérieusement, en mobilisant les moyens et en recourant, s’il le faut, à une expertise étrangère. Il y a une décennie, la société française Pizzorno avec laquelle l’État avait signé une convention pour la collecte et l’enfouissement des ordures à Nouakchott s’en était bien tirée. Mais Ould Abdel Aziz, sur un de ses coups de tête dont il a le secret, décida subitement de résilier le contrat pour donner le marché, en forme de cadeaux politiques, à de petites entités qui se révélèrent incapables d’assurer le minimum. On navigue depuis à vue dans un océan de détritus, d’eaux boueuses et de saletés de toutes sortes. Et on s’y plaît bien apparemment : la capitale d’un pays n’est-elle pas sa vitrine ?
Ahmed ould Cheikh
jeudi 12 décembre 2024
Editorial: Un cocktail explosif
Elle était jeune, dans la fleur de l’âge. Issue d’un milieu conservateur, étudiante en deuxième d’université, elle s’apprêtait à convoler en justes noces. Son malheur, en plus d’être issue d’une famille pauvre habitant dans un des quartiers les moins sécurisés de la capitale, est d’avoir croisé le chemin de trois jeunes voyous qui n’ont pas hésité à entrer chez elle par effraction pour abuser d’elle sans aucune pitié. Son père, immobilisé par la maladie, et sa mère absente ne pouvaient lui être d’aucun secours., Enivrés par l’alcool, les médicaments et toutes les substances psychotropes qui leur étaient passés dans les mains, les trois jeunes lascars étaient dans un autre univers. Ils ont perdu toute humanité. Rebuts d’une société dont ils vivent en marge, Ils n’en étaient pas à leur premier forfait. Et il ne sera sans doute pas le dernier. L’école que constituent nos prisons où ils ne se feront sans doute pas de vieux os ne servira qu’à les endurcir, comme tant d’autres avant eux. Au lieu d’offrir une possibilité pour les détenus d’apprendre un métier en prélude à une insertion dans la société, la prison est devenue une jungle où le plus fort écrase le plus faible. Du coup, on en sort plus cuirassé et les taulards, une fois dehors, sont encore plus dangereux. Si on y ajoute l’absence de perspectives, la pauvreté, les liens familiaux distendus et le laxisme de la justice, le cocktail devient explosif. Qu’Allah nous préserve !
Ahmed Ould Cheikh
jeudi 5 décembre 2024
Editorial: internet au rabais
Est-il écrit quelque part qu’en ce qui concerne la qualité du réseau Internet, nous resterons indéfiniment en queue de peloton ? Que, malgré les amendes infligées de temps à autre aux opérateurs par l’Autorité de régulation, la situation n’évoluera jamais dans le bon sens ? Que, faisant fi des protestations incessantes des usagers face à la mauvaise qualité d’un service pourtant coûteux, les structures dédiées à cette fin continueront à engranger des milliards au profit des leurs sociétés-mères et à « saboter » nos télécommunications ?
Pas plus tard que la semaine dernière, l’Autorité de régulation a de nouveau sévi contre ces opérateurs : Mauritel a écopé d’une sanction financière de 313,2 millions d’ouguiyas, Mattel de 127,03 millions et Chinguitel, quant à elle, devra verser 100,2 millions d’ouguiyas au Trésor public. Cette décision de l’ARE fait suite à une mission de contrôle de la qualité des services de communications électroniques effectuée à partir du 23 Septembre dernier. Le régulateur des télécoms voulait vérifier si les opérateurs avaient amélioré leurs niveaux de conformité respectifs, par rapport aux résultats d’une première mission de contrôle effectuée du 18 Décembre 2023 au 24 janvier 2024.
« L'Autorité de régulation a noté que les réponses des opérateurs aux griefs soulevés n'étaient pas satisfaisantes pour justifier les manquements observés » et « s’attend à ce que les sanctions pécuniaires et administratives infligées aux opérateurs télécoms les incitent à assurer en permanence aux utilisateurs du service, des niveaux de qualité conformes aux standards internationaux, conformément à leurs engagements contractuels. »
Faites vos comptes ! Depuis quand les opérateurs sont ainsi sanctionnés et combien ont-ils déjà payé en tout ? Des milliards pour le budget mais une goutte d’eau pour eux. Au moment où Internet est devenu, non plus un luxe, mais une nécessité absolue, il est temps qu’on devienne enfin comme tous les pays du monde ou, au moins, comme nos voisins auxquels nos décideurs ont tendance à nous comparer. Eux en tout cas disposent d’un réseau à fort débit et à un prix raisonnable.
Ahmed ould Cheikh
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