Dix jours après l’élection présidentielle qui a
propulsé le président Ould Abdel Aziz à un deuxième mandat consécutif ;
sept mois après les municipales et législatives qui ont permis, à son parti, de rafler la majorité des sièges ; où en est-on ? Quel visage offre
notre démocratie ? Le tableau est, malheureusement, guère reluisant :
une scène politique en lambeaux ; des partis qui se regardent en chiens de
faïence ; aucune perspective ni possibilité de compromis à l’horizon ;
un peuple hagard, pris en otage par sa classe politique et ne sachant plus sur
quel pied danser. Face à des prix qui flambent sans arrêt, rendant la vie
impossible, il ne sait plus où donner de la tête. Même la campagne électorale,
naguère exutoire, moyen d’oublier un quotidien difficile et occasion de se
faire un peu d’argent à moindre frais, n’est plus qu’un tonneau vide. Le nerf
de la guerre en fut le plus grand absent, sauf pour quelques privilégiés. Dont
la qualité première n’est pas le partage. D’où une démobilisation sans
précédent. A qui la faute ? A l’opposition qui a refusé de jouer le jeu,
en l’absence de garanties réelles ? Au pouvoir qui a refusé de lâcher du
lest, au risque de porter un coup dur à notre démocratie ?
Certes, il serait aisé de renvoyer tout ce monde
dos à dos. Et de faire sienne la formule « Un pour tous, tous pourris ».
Cela nous sortira-t-il pour autant de l’auberge ? Va-t-on rester encore
cinq ans dans cette situation de ni guerre ni paix ? Avec une opposition
qui refuse de reconnaître le pouvoir mais sans aucun moyen de lui opposer quoi
que ce soit ? Avec un pouvoir qui détient tous les leviers et un rapport
de forces apparemment tout à sa faveur ? Débat ? Nul.
Critiques ? Non avenues. Corrections ? Tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes et, s’il ne l’est pas, on fera comme si. Au p’tit bonheur
la chance. Au pif, à l’esbroufe, à l’applaudimètre. Mais cinq ans, c’est
trop ! Et pire, encore, si, derrière, il n’y a rien… Messieurs,
trouvez-vous une formule pour dépasser vos divergences. Nous en avons assez de
vos querelles byzantines. Mettez-vous au travail, afin que s’atténuent,
réellement, nos difficultés quotidiennes. Ouvrez-nous une vraie voie – pas une promesse,
pas un rêve – où nous ayons, nous, les citoyens qui vous font vivre, une autre
fonction que ramasse-miettes de vos prébendes sur les richesses de notre pays. Politiciens,
devenez de vrais politiques, de vrais artisans de la vie de la cité : rendez-nous,
enfin, notre RIM !
Ahmed Ould Cheikh
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